De Moody’s à Fitch : pourquoi l’Italie est « dans le collimateur » des agences de notation

La pluie d’avertissements internationaux sur les comptes italiens continue. Le 6 octobre, c’était au tour de Fitch qui, dans un nouveau focus sur l’Italie, soulignait que le nouveau gouvernement italien héritera de l’exécutif de Mario Draghi « un point de départ fiscal plus solide que prévu, mais pousser la croissance, y compris par un déploiement efficace des fonds Eu de nouvelle génération, reste central pour une réduction durable de la dette ».

Il a également souligné que la marge de manœuvre pour modifier le PNR est  » limitée  » et que, par conséquent,  » l’approche du prochain gouvernement face à une éventuelle renégociation sera importante pour la croissance et le sentiment du marché « .

Fitch : la marge de manœuvre budgétaire sera très limitée

D’autant plus que le nouveau gouvernement devra faire face à un environnement difficile, dans lequel il devra s’adapter à « des perspectives de taux plus élevés et de croissance plus faible », ce qui produira « des recettes fiscales en baisse », tandis que les dépenses seront mises sous pression par l’indexation des paiements de sécurité sociale et d’aide sociale, y compris les pensions, et par des aides pour faire face aux prix élevés de l’énergie, les obligations d’État ayant atteint des sommets de neuf ans fin septembre. « Cela signifie que la marge de manœuvre budgétaire sera très limitée si le ratio dette/PIB doit continuer à baisser », a précisé Fitch, mettant en garde contre le risque de « réactions négatives du marché » si des « déficits plus élevés » sont annoncés.

Moody’s : baisse de la note possible sans réformes

À vrai dire, le rapport de Fitch emprunte une voie moins sévère que celle choisie mercredi par Moody’s, qui anticipait le risque concret d’une dégradation de la note de l’Italie en cas de nouveau ralentissement de la croissance également dû à la remise en cause des réformes Pnrr ou à des mesures qui augmenteraient le déficit ou la dette à moyen terme. « Nous dégraderions probablement les notes de l’Italie si nous devions constater un affaiblissement significatif des perspectives de croissance à moyen terme du pays en raison de l’incapacité à mettre en œuvre des réformes favorables à la croissance, y compris celles décrites dans le NRPR », ont écrit les analystes dans un rapport de mise à jour. Ils ont ajouté : également « des politiques fiscales et/ou économiques qui affaiblissent le sentiment du marché et l’augmentation des niveaux d’endettement à moyen terme » conduiraient à une dégradation de la note actuelle de Baa3.

Dette observée numéro un

Sur le fond, cependant, les problèmes mis en évidence et l’approche avec laquelle ils sont abordés sont les mêmes. L’idée de « renégocier le Pnrr » relancée à plusieurs reprises par le centre-droit, et en particulier par Fratelli d’Italia, pendant la campagne électorale a suscité l’attention internationale. Pour la simple raison que l’Italie est de loin le principal bénéficiaire des fonds de l’initiative Next Generation Eu et que, par conséquent, les résultats du programme italien sont également déterminants pour un équilibre au niveau de l’UE. Car la dette, aux yeux des observateurs internationaux et en particulier bien sûr à ceux des agences de notation, reste le numéro un observé, dans un scénario de prévisions généralement plus sombres que celles que vient de dresser la Nadef. En particulier pour Fitch, qui, il y a quelques semaines seulement, faisait l’hypothèse d’une baisse de 0,7 % du PIB de l’Italie en 2023.