Ensemble contre Poutine

Le nouveau sommet européen XXL de Prague s’était fixé pour objectif d’envoyer un signal clair au Kremlin. Aujourd’hui, lorsque les Etats de l’UE discutent de la gestion de la crise énergétique, il ne reste plus grand-chose de l’unité.

C’était le signal attendu en direction de Moscou. 44 pays européens font front commun contre l’invasion russe de l’Ukraine, Vladimir Poutine est isolé en Europe avec son seul allié, la Biélorussie.

Le principal message à la Russie est que nous condamnions ensemble cette guerre d’agression et que nous fassions en sorte que l’Ukraine ne perde pas, mais puisse même gagner.

Stephan Ueberbach

C’est ce qu’a déclaré le Premier ministre néerlandais Mark Rutte qui, comme beaucoup d’autres, a trouvé la première réunion de la Communauté politique européenne réussie.

Un sommet européen spécial se penche sur la gestion de la crise énergétique

Markus Preiß, ARD Bruxelles, actuellement à Prague, tagesschau 17:00, 7.10.2022

Tout est non contraignant, mais tout de même

De toute évidence, la curiosité pour ce nouveau format a finalement pris le pas sur le scepticisme. Un sommet européen XXL, sans ordre du jour, sans pression de devoir se mettre d’accord. Au lieu de cela, de nombreuses réunions en grand et en petit comité. Tout cela sans engagement, mais tout de même.

Même les chefs de gouvernement de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie, dont les pays sont en guerre, se sont retrouvés dans la même pièce pour des entretiens. L’hôte Peter Fiala, Premier ministre de la République tchèque, est plus que satisfait de cette première.

Notre mission commune était de créer une plateforme pour parler de plus de coopération, pour partager des idées et développer des solutions pour ramener la sécurité et la prospérité en Europe. Je pense que nous y sommes parvenus.

La suite en Moldavie. Les prochains pays hôtes sont l’Espagne et la Grande-Bretagne.

Aujourd’hui, focus de l’UE sur la crise énergétique

Aujourd’hui, l’UE reste à nouveau entre elle. Sujet numéro 1 : la crise énergétique, qui met désormais en danger la compétitivité des entreprises européennes, car le gaz est nettement moins cher aux Etats-Unis ou en Asie. Tout le monde s’accorde à dire qu’en Europe aussi, il est urgent de réduire les coûts. « Nous devons nous concentrer sur deux choses », déclare la chef du gouvernement finlandais Sanna Marin, à savoir « produire plus d’énergie propre et nous occuper des prix ».

La question est de savoir comment. La commissaire von der Leyen propose de négocier des rabais avec des pays amis fournisseurs de gaz et de plafonner temporairement les prix d’achat en gros, comme le demandent désormais 15 pays de l’UE.

C’est surtout le gaz destiné à la production d’électricité qui doit ainsi être rendu moins cher, afin de soulager les ménages et l’économie. Certains craignent toutefois pour la sécurité de l’approvisionnement, car les fournisseurs de gaz pourraient chercher des clients ailleurs si l’UE impose un prix maximal. L’Allemagne est sceptique, les Pays-Bas aussi. « Les prix doivent baisser, mais de manière à ce que l’Europe reçoive quand même suffisamment de gaz », déclare le Premier ministre Mark Rutte.

Le paquet d’allègement budgétaire de l’Allemagne critiqué par l’UE

Et puis, il y a aussi le « double coup » allemand. Le paquet d’allègement budgétaire de 200 milliards d’euros suscite de vives critiques au sein de l’UE. On craint que l’Allemagne ne s’en serve pour obtenir des avantages économiques. Le chancelier Scholz rejette cette idée.

Nous avons maintenant mis en place de nombreux allègements pour nos concitoyens. Beaucoup d’autres font quelque chose de similaire, maintenant et dans les années à venir.

Mais tout le monde n’est pas de cet avis. C’est le cas du Premier ministre letton Krisjanis Karins :

Tout le monde veut aider ses citoyens et le fait, mais l’économie allemande est si grande que ces aides pourraient fausser le marché intérieur.

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki met même en garde contre un diktat allemand en matière de politique énergétique européenne. Olaf Scholz aura donc beaucoup à expliquer. Toujours est-il que le Néerlandais Mark Rutte lui apporte son soutien. Il déclare : « Les aides aux citoyens sont décidées par les différents États. C’est une compétence nationale ».

En clair : chaque pays peut faire ce qu’il juge bon – et ce qu’il peut se permettre.