L’armée ukrainienne n’abandonne pas Bachmut

Depuis des mois, des combats acharnés se déroulent à Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine. L’armée ukrainienne a démenti les spéculations sur un éventuel retrait partiel. Elle veut même renforcer sa présence.

Le gouvernement ukrainien a démenti les suppositions selon lesquelles l’armée pourrait se retirer de la ville de Bakhmut dans la région de Donetsk, à l’est de l’Ukraine, où les combats font rage. Le sommet de l’armée a même l’intention de renforcer les positions à Bachmut, a fait savoir le bureau présidentiel ukrainien. Lors d’une rencontre avec le président Volodymyr Selenskyj, le chef de l’armée Valery Saluschnyj et le commandant des troupes ukrainiennes au sol Oleksandr Syrskyj se sont prononcés en faveur d’une « poursuite de l’engagement défensif » et d’un « renforcement de notre position à Bachmut », peut-on lire dans le communiqué.

Observateur militaire : retrait partiel ukrainien de Bachmut possible

Dimanche, l’Institute for the Study of War (ISW), basé aux États-Unis, avait déclaré que Kiev pourrait retirer ses forces d’au moins certaines parties de Bakhmut, plutôt que de risquer un encerclement complet. « Compte tenu de la destruction, confirmée par des images avec géolocalisation, du pont ferroviaire sur la rivière au nord-est de Bakhmout, le 3 mars, les forces ukrainiennes pourraient se retirer de leurs positions sur la rive est de la rivière Bakhmoutka », écrivaient les experts militaires.

Selon les blogueurs militaires russes, la troupe de mercenaires Wagner qui se bat dans cette région s’est entre-temps emparée de certaines parties à l’est, au sud et au nord de Bachmut.

Bachmut presque entièrement encerclé

Bakhmut est une ville industrielle qui comptait environ 70.000 habitants avant l’attaque russe. Depuis l’été, Bachmut fait l’objet de violents combats qui ont pratiquement détruit la ville, dans les ruines de laquelle, selon les chiffres officiels, environ 5000 civils subsistent.

La valeur stratégique de Bakhmut est faible après l’expulsion des troupes russes de la région de Kharkiv. Pour le commandement militaire russe, la prise a toutefois une grande valeur symbolique, car elle doit montrer des succès. Les Ukrainiens ont longtemps tenu Bakhmout, car les positions bien aménagées dans la ville permettaient d’infliger de lourdes pertes aux assaillants lors de leur lente progression.

Encerclés sur trois côtés, les défenseurs ukrainiens n’avaient plus que la route de Tchassiv Yar, à l’ouest de Bakhmout, comme voie de ravitaillement et de repli possible.

Le chef de Wagner flaire la trahison par manque de munitions

Pendant ce temps, le conflit entre la troupe de mercenaires et le ministère russe de la Défense continue de couver. Le chef de Wagner, Evgueni Prigoschin, s’est plaint qu’une livraison de munitions annoncée pour le 23 février n’avait pas encore eu lieu à ce jour. Il y a deux explications possibles à ce retard : « la bureaucratie habituelle ou la trahison », a expliqué Prigoschin dans un message vidéo.

De plus, son représentant s’est vu refuser l’accès à l’état-major du groupe d’armées à partir de lundi matin, a-t-il écrit sur le canal Telegram de son service de presse. Et d’affirmer : « Nous continuerons à détruire les forces armées ukrainiennes à Bakhmout ». Le chef de Wagner avait déjà à plusieurs reprises émis de vives critiques à l’encontre du commandement de l’armée russe ainsi que du ministre de la Défense Sergueï Choïgou et s’était plaint du manque de livraisons de munitions.

Shoigu en visite à Marioupol

Le ministère russe de la Défense a entre-temps fait savoir que M. Schoigu s’était rendu dans la ville portuaire détruite de Marioupol, dans le sud de l’Ukraine. Lors de sa troisième visite dans la zone de guerre, Choïgou se serait rendu à Marioupol pour y superviser les travaux de reconstruction.

Des enregistrements vidéo montrent l’homme de 67 ans entre autres dans un hôpital militaire nouvellement construit et devant le bâtiment de la protection civile. Ces derniers temps, les critiques se sont multipliées selon lesquelles les responsables à Moscou ne dirigeaient la guerre que depuis leurs cabinets et ne se préoccupaient pas des soucis des soldats et de la population locale que la Russie avait libérée selon sa propre conception.

L’Ukraine annonce de nouvelles attaques

Selon l’armée de l’air ukrainienne, des attaques ont eu lieu dans la nuit avec un total de 15 drones de fabrication iranienne, dont 13 ont été abattus. « Des drones ont été lancés depuis le nord », a déclaré à la télévision le porte-parole des forces aériennes ukrainiennes Youri Ihnat. Aucun blessé ni dégât matériel n’a été signalé dans l’immédiat.

Plusieurs impacts ont été signalés dans la ville de Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine. Selon ces informations, cette grande ville de la région de Donetsk, sous contrôle ukrainien, a été la cible de tirs de roquettes. « Conséquences de l’attaque nocturne aux roquettes – une école a été détruite et 15 immeubles d’habitation endommagés », a fait savoir le maire. Selon les informations, personne n’a été tué ou blessé.