Réfugiés d’Ukraine : un effet d’attraction grâce aux prestations sociales ? – Politique

Vers où se tournent les personnes qui fuient leur pays à cause des bombes et de la guerre ? Il n’est pas facile de répondre à cette question. Mais le montant des prestations sociales versées dans le pays de destination n’est pas le facteur décisif, contrairement à ce qu’a supposé le chef de la CDU Friedrich Merz. La recherche sur la fuite n’est pas la seule à s’accorder sur ce point. Dans le cas de l’Ukraine, une analyse récente du ministère fédéral de l’Intérieur parvient également à cette conclusion.

Le président du groupe parlementaire de la CDU/CSU au Bundestag avait suscité l’indignation fin septembre avec une déclaration sur le prétendu « tourisme social » des réfugiés ukrainiens. Merz s’est ensuite excusé pour le choix de ses mots. Mais Merz a ensuite réitéré sa critique à l’égard de ce qu’il considère comme un très grand filet social en Allemagne, qui attirerait véritablement les réfugiés et les migrants.

Le chef de la CDU s’insurge contre un changement : alors que les réfugiés ukrainiens en Allemagne n’avaient initialement droit qu’aux taux les plus bas de la loi sur les prestations pour demandeurs d’asile, ils bénéficient depuis juin – comme tous les réfugiés reconnus en Allemagne – d’une protection de base. Pour les enfants et les adultes capables de travailler, cela signifie des prestations selon le Sozialgesetzbuch II, c’est-à-dire Hartz IV. Les personnes âgées reçoivent l’assurance vieillesse de base conformément au livre XII du code social.

Pour les fugitifs, le changement apporte, outre un peu plus d’argent, surtout des avantages pratiques. Ils sont désormais activement soutenus par les agences pour l’emploi dans leur recherche d’emploi. Selon une analyse du ministère fédéral de l’Intérieur, ce changement n’a pas encore eu d’influence majeure sur le mouvement de fuite vers l’Allemagne. Le nombre d’Ukrainiens arrivant en Allemagne est plutôt en baisse depuis des semaines : « La tendance à la baisse des arrivées reste intacte, indépendamment de l’octroi de prestations SGB II ou XII », peut-on lire dans un rapport que le ministère a envoyé fin septembre à la commission de l’intérieur du Bundestag, et qui est disponible sur le site de l’Office fédéral des migrations. Süddeutsche Zeitung avant.

Les Ukrainiens sont moins nombreux depuis avril

« Des propos d’une clarté réjouissante » de la part du ministère fédéral de l’Intérieur, a déclaré Clara Bünger, porte-parole de Die Linke pour la politique d’asile : « L’affirmation récurrente, mais non étayée, selon laquelle le montant des prestations sociales en Allemagne constituerait soi-disant un facteur d’attraction, est fausse ».

L’analyse du ministère considère le nombre d’Ukrainiens contrôlés par la police fédérale à la frontière. Il s’agit surtout des fugitifs qui arrivent en train ou dans des bus mis à part. Il ne s’agit en aucun cas de tous les Ukrainiens qui entrent en Allemagne, mais le nombre permet de dégager une tendance : Les premiers mois, ils étaient très nombreux. Depuis le mois d’avril, ils sont beaucoup moins nombreux.

La situation n’a pas changé lorsque deux informations ont été rendues publiques : Les Ukrainiens ne sont pas venus plus nombreux, ni lorsque l’annonce de l’augmentation des taux a été faite le 7 avril, ni lorsque cette mesure a été introduite le 1er juin.

« Les lois sociales ne sont pas pertinentes pour les mouvements migratoires », explique Olaf Kleist du Centre allemand de recherche sur l’intégration et la migration. Ceux qui fuient la violence armée tentent en général de trouver refuge près de leur ancien lieu de résidence. Tous conflits confondus, il s’avère que deux tiers des personnes déplacées sont restées dans leur propre pays. Ceux qui quittent leur pays restent le plus souvent dans les pays voisins. Dans le cas de la Syrie par exemple, il s’agissait de la Turquie, du Liban et de la Jordanie.

Si les réfugiés s’installent dans des pays plus éloignés, c’est généralement parce qu’ils y ont des amis ou de la famille. Mais la situation économique ou la réputation de sécurité de l’État ont également joué un rôle.

C’est également la conclusion à laquelle parvient le rapport du ministère. Une interaction complexe de motifs individuels décide de la question de savoir où une personne en fuite se tourne. Des sondages du HCR auprès de personnes déplacées par la guerre en Ukraine semblent le confirmer. Il en ressort que la majorité des personnes qui ont fui leur pays prévoient de rester dans leur pays d’accueil actuel : prestations sociales ou pas.