Rapport final de la commission sur les prix du gaz : l’économiste Weber met en garde contre le « potentiel d’abus ».

La commission du gaz convoquée par le gouvernement fédéral a présenté son rapport final fin octobre. On y trouve de nombreuses propositions pour atténuer la forte hausse des prix du gaz pour les consommateurs et l’industrie.

Au total, les citoyens et les entreprises d’Allemagne devraient bénéficier d’allègements d’un montant maximal de 96 milliards d’euros.

Mais certains passages du rapport des 21 scientifiques ont fait l’objet de controverses. L’économiste Isabella Weber met en garde contre le fait que le frein au prix du gaz pourrait créer de fausses incitations pour l’économie.

La commission d’experts mise en place par le gouvernement fédéral présente ce lundi son rapport final sur le projet de frein au prix du gaz. Vous pouvez lire le rapport ici. Les membres de la commission d’experts remettront la version finale du rapport à la chancellerie au chancelier Olaf Scholz (SPD), au ministre de l’Économie Robert Habeck (Verts) et au ministre des Finances Christian Lindner (FDP).

Une fois, l’État prend en charge la facture

Les principales propositions du groupe formé autour de l’économiste Veronika Grimm, du président de l’industrie Siegfried Russwurm et du chef du syndicat de l’industrie BCE, Michael Vassiliadis, sont déjà connues : En décembre, l’État devrait prendre en charge les acomptes de gaz versés par les citoyens. A cet effet, le ministère de l’Economie travaille sur les modalités exactes. En d’autres termes, comment se dérouleront les modalités de paiement, si le ministère versera les sommes aux entreprises de distribution et si les acomptes seront ensuite soit reversés aux clients, soit déduits de l’acompte de janvier. De même, on ne sait pas encore – dans la mesure où les paiements seront effectués aux consommateurs finaux – quand exactement les citoyens recevront l’argent sur leur compte. Au ministère de l’Économie, on parle d’un « supplément hivernal ».

En outre, un frein au prix du gaz devrait s’appliquer aux entreprises en janvier et aux ménages à partir de mars ou avril. Le gouvernement fédéral ne s’est pas encore prononcé sur les modalités de cette mesure.

Une experte en économie met en garde contre les abus

Des avis divergents auraient été exprimés au sein du groupe de 21 experts, notamment sur la conception du frein au prix du gaz pour l’industrie. C’est pourquoi l’avis spécial d’Isabella Weber, membre de la commission, figure en annexe du rapport. Cette professeure d’économie politique à l’université du Massachusetts s’insurge contre la phrase suivante : « L’entreprise consommatrice peut utiliser la quantité de gaz extraite pour ses propres besoins ou la valoriser sur le marché ».

L’économiste craint que les entreprises ne revendent sur le marché leur quantité de gaz subventionnée par l’État. Selon elle, cela comporte deux grands dangers : D’une part, il pourrait être plus précieux pour les entreprises de revendre leur volume de gaz subventionné que de l’utiliser pour la production. Weber a déclaré en exclusivité à Business Insider : « S’il devient plus lucratif pour les entreprises de revendre leur gaz subventionné plutôt que de le produire, le frein au prix du gaz agit comme une prime à la déconnexion. Cela peut entraîner des défaillances dans les chaînes d’approvisionnement et ainsi alimenter davantage l’inflation ». Au lieu d’atténuer les conséquences d’une pénurie de gaz pour l’industrie, la logique voudrait que, dans le pire des cas, cela entraîne une déstabilisation de la structure économique. La récession s’aggraverait donc.

L’économiste propose donc de renoncer à la possibilité de revente sur le marché : « Je vois un risque d’abus pour les grandes entreprises qui ne se procurent pas leur gaz par le biais d’un fournisseur, mais elles-mêmes sur le marché. Elles pourraient avoir intérêt à ce que les prix du marché soient plus élevés. Car plus elles achètent leur gaz cher, plus leur subvention est élevée. Ce risque est également évoqué dans le rapport de la Commission ».

Les locataires ne doivent pas se retrouver sans logement

Pour les entreprises, les économies de gaz ne seraient donc plus aussi primordiales, car elles pourraient ainsi faire de la trésorerie sur le marché. Pourtant, selon la responsable de la commission du gaz, Veronika Grimm, les incitations à l’économie étaient la première priorité du travail commun. L’objectif reste d’économiser du gaz. En outre, il s’agit désormais d’une mise en œuvre peu bureaucratique et rapide, avait déclaré Mme Grimm lors d’une interview.

Malgré tout, la commission d’experts a proposé dans son rapport final une protection de six mois contre le licenciement pour les locataires. Dans ce document de 34 pages, on peut lire : « Au moins six mois doivent être accordés aux ménages locataires pour régler leurs dettes énergétiques ». Quant aux bailleurs, ils devraient, selon les idées de la Commission, recevoir une aide de trésorerie sans intérêt s’ils font des avances pour les paiements de leurs locataires. C’est maintenant au gouvernement fédéral de peser le pour et le contre des propositions qu’il souhaite mettre en œuvre, car d’une part l’incitation à l’économie est remplie et d’autre part les citoyens et les entreprises sont soulagés.