Le reportage reste important : A propos de la page trois du SZ

En effet, les histoires font partie de la vie, de l’essence et de l’être de l’homo narrans. « Nous nous racontons des histoires pour vivre », a écrit la grande essayiste Joan Didion, décédée fin 2021, et ce qu’elle a voulu dire, on le vit par exemple lorsqu’on lit un livre à de jeunes enfants : un silence tendu. Ceux qui lisent rarement des histoires à des enfants connaissent peut-être ce décor à Marrakech, sur la place Jemaa el-Fna, la place des saltimbanques et des guérisseurs, des charmeurs de serpents, des acrobates et des conteurs. Depuis des générations, les récits se transmettent ici, sur les belles femmes et les rois vaniteux, les escrocs et les mendiants, et les conteurs savent très bien comment tenir leur public, pendant des jours, des semaines, comme dans une série télévisée. L’histoire est tout simplement racontée le lendemain. Les conteurs sont là, accroupis à la lumière vacillante de la lampe à pétrole, entourés de leurs auditeurs. Ils ont toujours su qu’une bonne histoire ne peut pas être trop longue, les gens reviendront, soir après soir.