Le médecin légiste ne considère pas les coups comme la cause du décès

Mahsa Amini, 22 ans, est devenue la figure de proue des récentes manifestations en Iran. Beaucoup attribuent sa mort à la violence policière. Mais le médecin légiste de l’Etat est arrivé à une autre conclusion.

Trois semaines après la mort de Mahsa Amini, l’Institut national de médecine légale de Téhéran, la capitale iranienne, s’est prononcé sur la cause présumée du décès de la jeune femme.

Comme l’a rapporté le portail d’information Misan, l’institut exclut dans son rapport officiel qu’Amini soit décédée à la suite de violences policières. L’examen du corps n’a révélé aucun signe de violence, tel qu’un coup à la tête. Au lieu de cela, il est dit que la Kurde iranienne souffrait d’une maladie organique préexistante et que celle-ci a entraîné une défaillance des organes après son arrestation.

La famille dément

La famille d’Amini avait déjà publiquement démenti à plusieurs reprises l’affirmation selon laquelle la jeune femme de 22 ans avait souffert d’une maladie préexistante. Amini était en parfaite santé jusqu’à son arrestation par la police des mœurs et toutes les affirmations contraires étaient des mensonges.

La justice iranienne accuse la famille d’avoir enfreint les lois imposées par le régime des mollahs et d’avoir voulu exploiter la mort d’Amini pour monter la population contre les dirigeants iraniens.

Doutes sur les déclarations de l’Iran

Les défenseurs des droits de l’homme et les pays occidentaux mettent également en doute la version de l’Iran selon laquelle la mort d’Amini serait due à une maladie préexistante. Jeudi dernier, le Parlement européen a condamné la mort de la jeune femme en la qualifiant de « meurtre tragique » et a repris dans une résolution les rapports de témoins oculaires présumés selon lesquels Amini aurait été maltraitée par les forces de sécurité.

Peu après l’arrestation de la jeune femme de 22 ans, des informations ont circulé selon lesquelles Amini se serait effondrée après avoir été frappée à la tête. Les médias sociaux ont également rapporté qu’Amini s’était cognée la tête contre la vitre d’une voiture de police. Toutes ces informations ne peuvent pas être vérifiées de manière indépendante.

L’Occident demande des explications indépendantes

Amini avait été arrêtée le 13 septembre par la police des mœurs iranienne parce qu’elle aurait enfreint le code vestimentaire islamique. Ce qui s’est exactement passé après son arrestation n’a pas encore été élucidé. Ce qui est sûr, c’est que la jeune femme de 22 ans est tombée dans le coma et est décédée le 16 septembre dans une clinique. Sa mort a déclenché des manifestations de masse dans tout le pays contre le régime iranien et les lois islamiques strictes.

Outre des Etats comme les Etats-Unis, l’UE a également exigé une enquête indépendante sur la mort d’Amini et s’est prononcée contre des sanctions contre les responsables présumés. En outre, le Parlement européen a exigé des sanctions contre les forces de sécurité qui interviennent avec une violence massive contre les protestations dans tout le pays. Selon les chiffres de l’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International, au moins 130 personnes ont perdu la vie depuis le début des manifestations en Iran en lien avec les protestations.

Questions sur la mort d’une jeune fille de 16 ans

Outre la mort d’Amini, un autre cas attire de plus en plus l’attention du public : celui de Nasreen Shakarami, 16 ans. Les dernières informations sur la mort de l’adolescente proviennent de sa mère, qui a adressé un message vidéo à Radio Farda, la branche persanophone de la chaîne financée par les Etats-Unis.

Selon ce document, sa fille, surnommée « Nika », a quitté son domicile le 19 septembre pour se joindre aux manifestations. Suite à des affrontements avec la police, la jeune fille de 16 ans aurait dû fuir avec des amis et le contact avec elle aurait été rompu. Dix jours après la disparition de Nika, les autorités iraniennes auraient remis le corps de l’adolescente à sa famille, avant de « l’enlever » à nouveau et de l’enterrer dans un endroit isolé près de Téhéran.

Des rapports médico-légaux indiqueraient que l’enfant a été victime de violences

Selon la police iranienne, l’adolescente aurait fait une chute mortelle du haut d’un immeuble lors d’un rassemblement. Son corps a été retrouvé le lendemain et transporté au service de médecine légale. Sa mort n’aurait aucun lien avec les manifestations.

La mère dément cependant cette version et accuse les autorités d’avoir tué son enfant à la suite de violences policières. Des rapports médico-légaux auraient révélé que Nika avait été frappée à plusieurs reprises à la tête. Le corps de la jeune fille de 16 ans était intact à l’extérieur, a déclaré sa mère dans son message à la radio, mais certaines de ses dents, des os de son visage et de l’arrière de son crâne étaient cassés. Dans ce cas également, ni les informations de la police iranienne ni celles de la mère ne peuvent être vérifiées de manière indépendante.