Podcast « aujourd’hui important
Manifestations en Iran : « Les gens veulent la liberté ou ils choisissent la mort »
« Ce sont des jeunes, ils n’ont pas de chef, ils veulent juste l’essentiel », déclare Mahsa dans « Aujourd’hui important » à propos des protestations en Iran. L’Iranienne de 28 ans parle d’un système qui la dégoûte et de la peur qui revient sans cesse.
Jin, Jiyan, Azadi – Femmes, vie, liberté – tels sont les mots que les gens crient lors de leurs manifestations contre le régime iranien. Depuis la mort de Mahsa Amini, une jeune Kurde de 22 ans, le 13 septembre, des milliers de personnes manifestent en Iran contre la politique répressive du gouvernement. Mahsa Amini avait été arrêtée par la police des mœurs à Téhéran en raison de sa « tenue non islamique » et est morte trois jours plus tard dans des circonstances non élucidées. Depuis, les gens se solidarisent avec les protestations dans le monde entier – y compris en Allemagne.
« C’était tellement fort et courageux de la part de ces femmes de descendre dans la rue et de choisir la liberté dans une lutte de vie ou de mort », déclare Mahsa, dont nous ne citerons pas le nom de famille, dans le podcast « important aujourd’hui ». « Cela a été une protestation féminine ». Ce sont les femmes qui sont au cœur de la protestation, qui arrachent leur foulard, se coupent les cheveux, mais maintenant, dit-elle, ce sont aussi les hommes qui soutiennent la protestation.
Mahsa a fui l’Iran pour Berlin il y a six ans. Elle vit aujourd’hui avec une femme. « J’aime l’Iran, mais le régime nous a rendus malades », dit-elle. Mahsa pleure son pays, elle y retournerait volontiers, sauf que là-bas, elle serait sûre d’être arrêtée. « J’ai tout perdu », dit-elle. Sa famille est toujours au pays – entrer en contact est dangereux, la peur est omniprésente. « Je suis la seule à m’être enfuie », raconte-t-elle. Maintenant, elle ne sait pas quoi dire à ses amis en Iran : « Allez aux manifestations ou restez chez vous ». Car la communication est considérablement compliquée par le blocage d’Internet : « C’est un gros problème, nous ne savons pas vraiment ce qui se passe ».
La jeune femme a du mal à voir sa famille et ses amis : « Je dois pleurer tous les jours devant eux. Ça me tue de ne rien pouvoir faire ». A l’inverse, ses parents s’inquiéteraient aussi beaucoup pour elle – car Mahsa montre son visage dans les médias, répond aux manifestations de solidarité. Et elle le dit elle-même : « J’ai toujours peur que quelqu’un me fasse du mal ici ».
Mais c’est aussi cette peur que Mahsa n’a pas pu supporter en Iran. Ce n’est qu’à la maison qu’elle a pu être ce qu’elle est, dit-elle. « A l’école, j’étais toujours la seule à être différente. Je ne voulais pas prier, je me cachais sous la table ». Le système leur a enlevé à tous toute joie, explique Mahsa. « Je ne pouvais pas faire la fête, je ne pouvais pas danser, je ne pouvais pas chanter ». Selon elle, ce n’est pas seulement contre le hijab que les jeunes protestent, mais contre le régime dans son ensemble. « Les gens en ont maintenant assez. Ils veulent la liberté ou ils choisissent la mort ».
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