Grace et son Horst | CrimePLUS

Elle revient dans une urne, du paradis qui n’en était pas un, à nouveau chez elle, parmi les palmiers, les bambous, la mer turquoise de sa patrie tropicale, belle comme un rêve et amèrement pauvre. Transféré dans un Airbus, Munich-Manille. C’est le dernier voyage de Grace. Maria Grace K., née G., voulait vivre. Et Grace voulait quelque chose de la vie. Grace était vive, sociable, ambitieuse. Et elle voulait des enfants. Un avenir. La sécurité.

Il revient avec une corde dans sa valise, en Allemagne, dans la grisaille glaciale de janvier. Bangkok – Francfort, vol de retour de Thaïlande, Pattaya, quelques semaines de repos au paradis du soleil, la plage de sable, la mer chaude et les filles, si câlines et si gentilles. Aucun stress, aucune pression n’émane d’elles. C’est son dernier voyage, il le veut ainsi. Car maintenant il va se suicider, c’est prévu depuis longtemps, Horst K. prend une chambre dans un hôtel de campagne près de Francfort pour se pendre. C’est un homme silencieux, il a les yeux enfoncés, l’expression de son visage est soucieuse, repliée sur elle-même. K. est grand, et il s’est alourdi au cours des dix années de son mariage avec Grace, il est plus grave, « on dirait un avocat », diront plus tard les personnes qui suivent le procès en tant que spectateurs.

En 2005, Horst K., 42 ans, de nationalité allemande, a épousé Grace G., 27 ans, de nationalité philippine. Il existe une photo du mariage, elle montre le rêve devenu réalité de Grace. Grace voulait un homme de l’Ouest, maintenant elle en a un, il n’est pas sans charme, grand et mince il se tient à côté d’elle, elle a choisi une robe blanche à fines bretelles, avec voile et traîne, qui épouse sa silhouette gracile, des perles blanches ornent son cou délicat, elle tient dans sa main un bouquet d’orchidées blanches. Horst est lui aussi vêtu de blanc, un petit bouquet d’orchidées est accroché à sa chemise à hauteur du cœur. A côté d’eux, la famille philippine s’est rassemblée dans des tenues de fête blanches, abricot, orange, les enfants tiennent des ballons, on s’est placé sous un dais nuptial blanc à côté d’abondantes compositions florales. On sourit – seules Grace et sa mère, qui se tient à sa gauche, ont l’air sérieuses, mais peut-être cette modération est-elle due à la solennité de la cérémonie. Et à sa signification, à savoir que Grace partira bientôt à l’autre bout du monde. Pour partager sa vie avec cet homme qu’elle connaît à peine, mais qui est gentil, prévenant, un peu incertain, ce qui le rend sympathique pour beaucoup, du moins est-ce ainsi que les sœurs le décriront plus tard au tribunal. Sur la photo, Horst K. se tient comme un bloc erratique au milieu de cette famille philippine, ce riche blanc d’Alemanya.

Horst au milieu de ses proches. Grace a l’air un peu sceptique sur la photo de mariage. Mais elle a appris à être confiante. (Les photos nous ont été fournies par la famille de Grace G.)

privé

Horst K., qui n’est pas riche en Allemagne. Sans parenté, sans ami qui pourrait lui servir de témoin, il regarde la caméra, interrogatif, a la tête légèrement penchée, ses yeux enfoncés semblent étonnés, presque sceptiques