Des munitions pour deux jours de guerre maximum : la Bundeswehr doit renouveler ses arsenaux – mais elle n’en commande que peu jusqu’à présent

Selon de nombreux experts, la Bundeswehr n’est pas préparée à un conflit de longue durée.

Selon les experts, les réserves de munitions ne dureraient qu’un à deux jours en cas de guerre. Or, les normes de l’OTAN prévoient 30 jours.

Bien que cela soit connu et que des munitions supplémentaires soient remises à l’Ukraine, le ministère de la Défense ne commande que peu de munitions supplémentaires. La déléguée à la défense du Bundestag met également en garde.

Si l’on regarde des images de la guerre en Ukraine, on voit toujours avec quelle intensité les combats sont menés. L’artillerie des deux camps tire notamment sans relâche sur les positions de l’adversaire. Un fait divers de l’été dernier montre à quel point les combats sont intenses. Quatre semaines seulement après la livraison par la Bundeswehr de l’obusier blindé 2000 aux Ukrainiens, les forces armées locales ont signalé que les tubes étaient usés. Le tir continu a un prix.

Si l’Allemagne devait soudainement se défendre dans une guerre, il est presque certain qu’elle n’aurait pas ce problème. La raison : l’Allemagne ne dispose de munitions que pour un à deux jours de guerre. C’est ce que confirment les représentants de l’industrie de l’armement, les experts et les politiques de défense au Bundestag. L’Allemagne est donc très en retard sur ses obligations. Selon une directive de l’OTAN, les réserves doivent durer au moins 30 jours.

Le problème est connu depuis des années, même l’entraînement et les exercices en ont souffert. Les soldats s’en plaignent depuis un certain temps. En outre, l’Allemagne fournit également des munitions à l’Ukraine. Le site du gouvernement allemand permet de savoir combien. Il s’agit entre autres de

  • 167.000 munitions d’armes de poing
  • 1.592 coups de munitions d’artillerie 155 mm
  • 255 coups de munitions d’artillerie Vulcano 155 mm
  • 30.000 coups de munitions 40mm

Celui qui est sous-approvisionné et qui, en plus, cède du matériel, commande rapidement du nouveau matériel – on pourrait le penser. Mais ce n’est apparemment pas encore le cas. Hans Christoph Atzpodien, directeur général de la Fédération allemande de l’industrie de la sécurité et de la défense (BDSV), tire la sonnette d’alarme : « Il est évident que cette description de la situation ne s’améliorera pas si des munitions provenant des stocks de la Bundeswehr sont remises et si des commandes correspondantes ne sont pas passées en même temps à l’industrie », a-t-il déclaré à Business Insider.

Eva Högl, chargée des questions militaires au Bundestag allemand, explique à Business Insider combien de munitions manquent réellement : « Nous aurions besoin de 20 milliards d’euros supplémentaires rien que pour l’acquisition de munitions. En même temps, il n’y a pas assez de stocks de munitions. Cela montre qu’il faut encore faire un gros effort dans ce domaine ». Certains experts parlent d’une enveloppe globale pouvant atteindre 30 milliards d’euros d’ici 2030. Les munitions doivent toutefois être payées par le budget de défense courant, et non par le fonds spécial.

Högl met en garde : « Si l’on veut réussir à changer d’époque, il faut faire quelque chose à plusieurs niveaux ». Elle cite le matériel, le personnel et l’infrastructure, mais aussi les procédures, les processus, les structures, les compétences et les responsabilités. Il faut que quelque chose change « pour atteindre une pleine disponibilité opérationnelle ».

Même les députés de la coalition appellent à plus de rapidité

L’industrie de l’armement est justement irritée par les procédures et les déroulements au sein des forces armées en ce qui concerne l’approvisionnement en munitions. Les représentants de l’industrie rapportent qu’après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, on a proposé de produire plus et plus vite, par exemple de passer aux trois-huit dans les usines. Mais jusqu’à présent, il n’y a pas eu de commandes significatives. Le ministère de la Défense et le service des achats de l’armée allemande hésitent.

Les députés comme les représentants de l’industrie préviennent également qu’il faut rapidement remplir les capacités de production dans l’industrie. En effet, effrayée par la guerre en Ukraine, toute l’Europe passe commande et la demande augmente plus vite que les sites de production ne peuvent être développés. Si l’Allemagne attend trop longtemps, elle devra prendre du retard dans ses commandes.

Les hésitations du ministère de la Défense et du service des achats de l’armée allemande suscitent également l’incompréhension au sein de la coalition. Les députés secouent la tête en constatant que le dossier n’avance pas plus vite. « Nous devons enfin prendre de la vitesse », déclare un parlementaire de la coalition.

19 projets prévus d’ici la fin de l’année

Toujours est-il que, selon Business Insider, 19 projets dits « 25 millions » sont encore prévus d’ici la fin de l’année. Ces projets servent à lancer des projets d’acquisition au sein de la Bundeswehr. Plusieurs d’entre eux prévoient l’achat de munitions, dont différentes grenades intelligentes et à longue portée pour l’obusier blindé 2000 ainsi que des munitions de 30 millimètres pour le char de grenadiers Puma.

Le budget pour l’achat de munitions doit également être augmenté. Jusqu’à présent, un milliard d’euros a été prévu à cet effet. Actuellement, il est proposé d’augmenter cette somme de 237 millions d’euros, certains députés parlent même de 500 millions supplémentaires. Mais même cela est insuffisant pour atteindre l’objectif de 20 à 30 milliards d’euros d’ici 2030 que le Parlement s’est fixé.