Après une conférence à l’association avec des contacts présumés avec les services de renseignement russes : La ministre de l’Intérieur veut licencier le chef du BSI – mais son secrétaire d’État avait autorisé le discours

Parce que le président de l’Office fédéral de la sécurité des technologies de l’information (BSI), Arne Schönbohm, a tenu une conférence dans une association ayant des liens présumés avec les services de renseignement russes, la ministre fédérale de l’Intérieur Nancy Faeser doit licencier Schönbohm. C’est en tout cas ce que rapporte un média.

Selon les informations de Business Insider, le secrétaire d’Etat de Faeser a toutefois approuvé le discours à l’avance et était informé en détail de l’intervention.

Lors de l’événement, un politicien numérique du FDP, Höferlin, ainsi qu’un ami de parti de Faeser, le politicien de l’intérieur Sebastian Hartmann, étaient présents.

Une conférence donnée par le chef de la plus haute autorité allemande en matière de cybersécurité à une association soupçonnée d’avoir des liens avec les services de renseignement russes fait de plus en plus de bruit.

Selon un reportage de l’émission « Magazin Royale » de la ZDF diffusé vendredi, Arne Schönbohm, président de l’Office fédéral de la sécurité des technologies de l’information (BSI) depuis 2016, a tenu en septembre un discours solennel au sein de l’association Cybersicherheitsrat Deutschland. L’entreprise Protelion, qui entretient des liens étroits avec les services de renseignement russes, en est membre. « Protelion siège actuellement au Cybersicherheitsrat Deutschland e. V., cul par-dessus tête à côté des représentants importants de notre infrastructure critique. Protelion, alias Infotecs, alias les copains du service de renseignement russe, traîne avec de très nombreux acteurs importants de l’économie et de la politique en Allemagne », explique le satiriste de la ZDF Jan Böhmermann, dont le chef du BSI Schönbohm.

Dimanche soir, le quotidien Bild a annoncé, en citant des sources gouvernementales, que la ministre fédérale de l’Intérieur Nancy Faeser (SPD) souhaitait licencier Schönbohm en raison de ces accusations. La participation de Faeser à une conférence de presse commune jeudi prochain aurait déjà été annulée. « Bild » cite le ministère : « On examine comment un changement rapide de président peut être obtenu. La conférence de presse commune de Faeser et Schönbohm prévue jeudi est annulée ».

Si le rapport s’avère exact, l’éviction prévue pourrait toutefois se retourner contre la ministre de l’Intérieur, selon les recherches de Business Insider : En effet, la maison de Faeser avait été informée en détail à l’avance du discours de Schönbohm. Le secrétaire d’Etat de Faeser, Markus Richter, a donc approuvé la conférence à la demande de Schönbohm le 24 août. La maison de Faeser savait également que le politicien numérique de longue date du FDP Manuel Höferlin, président de la commission de l’agenda numérique du Bundestag de 2019 à 2021, avait accepté de parrainer l’événement. Selon des témoins oculaires, Sebastian Hartmann, porte-parole du SPD au Bundestag pour les affaires intérieures, a également participé à l’événement du 8 septembre.

Schönbohm avait fondé l’association Cybersicherheitsrat Deutschland en 2012. Outre Protelion, de nombreuses grandes entreprises comme Bayer, Eon, la Commerzbank, mais aussi le Land de Hesse, le ministère fédéral de la Santé ou l’organisation d’aide technique en sont membres. Selon les informations de Business Insider, Protelion ne fait toutefois partie de l’association que depuis juin 2020, quatre ans après que Schönbohm soit devenu chef du BSI et ait quitté la direction de l’association.