« Retour soudain à l’effort maximal »

Le calme après la vague estivale n’a duré que peu de temps, selon le médecin généraliste Hanefeld. En raison des nombreuses infections des voies respiratoires, la charge des cabinets médicaux augmente à nouveau de manière fulgurante. La situation actuelle est un signe avant-coureur de l’hiver à venir.

: Que se passe-t-il en ce moment dans votre cabinet ? Comment la situation a-t-elle évolué au cours des dernières semaines ?

Marc Hanefeld : Au cours des dernières semaines de l’été, nous nous étions en fait réjouis que l’activité soit un peu moins intense, car il y avait eu auparavant de nombreux mois où l’activité était extrêmement intense avec des infections. Cela s’est détendu dernièrement et maintenant c’est brusquement revenu à la charge maximale.


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Sur la personne

Marc Hanefeld est médecin spécialiste en médecine générale. Depuis le début de l’année 2020, il exerce en tant que médecin libéral dans son cabinet de Bremervörde en Basse-Saxe. Jusqu’à son installation, il a travaillé dans différentes cliniques en Allemagne et en France. Il possède en outre des qualifications supplémentaires en médecine intensive spéciale et en médecine d’urgence.

: Que signifie une charge maximale dans la pratique quotidienne ?

Hanefeld : Je peux vous donner un exemple en chiffres : Si nous avons normalement dix à quinze patients par jour qui viennent pour des infections aiguës, cela nous prend environ une heure. Mais actuellement, il y en a environ 30 par jour – c’est déjà une augmentation considérable.

« Je vois la situation comme un signe avant-coureur de l’hiver ».

: Nous ne sommes qu’au début de la saison de la grippe – vous attendez-vous donc à ce que les chiffres continuent de grimper dans les semaines à venir ?

Hanefeld : Oui, c’est ça. C’est le fait que le mois d’octobre n’est pas le mois classique où les infections nous explosent à la figure. Et la grippe n’est pas encore vraiment arrivée.

Je vois la situation comme un signe avant-coureur de l’hiver, où nous devrons probablement serrer les dents et veiller à ce que nous puissions tout faire. Il ne s’agit pas seulement d’arrêts maladie, mais aussi d’éviter les évolutions dangereuses – qui peuvent se produire dans certains cas. Et cela vaut pour toutes les infections, pas seulement pour Corona. Et puis, il y a aussi des personnes atteintes d’autres maladies sans infections, auxquelles nous devons aussi faire face. C’est pourquoi je pense que la charge de travail dans les cabinets de médecine générale sera considérable au cours des prochains mois.

Marc Hanefeld, médecin généraliste : « Nous sommes arrivés d’un coup à la charge maximale ».

tagesschau24 14:00 heures, 12.10.2022

: Et ce, bien qu’une grande partie de la population soit au moins vaccinée contre le coronavirus.

Hanefeld : La plupart des patients qui viennent avec Corona ont un grattage de gorge ou une toux, mais généralement peu de symptômes. C’est ce que nous considérons comme un succès de la vaccination : nous récoltons les fruits de ce que nous avons fait au cours des dix-huit derniers mois. Il y a certes encore des évolutions plus graves, mais pas comme fin 2020 ou début 2021.

C’est justement dans les maisons de retraite par exemple, dans les groupes particulièrement vulnérables, que l’on voit l’effet des vaccins : Dans une maison de retraite de la ville, nous avons eu un cas avant la vaccination où plus de 20 personnes sont mortes en l’espace d’une semaine. On a vraiment pu constater dans sa propre chair ce que cela peut donner lorsqu’un tel virus se propage à travers un groupe de patients aussi peu protégés. Et depuis que nous avons vacciné ces personnes âgées et vulnérables, nous n’avons plus rien vu de tel. Nous avons certes des foyers dans les maisons de soins, mais ils ne se propagent en aucun cas de manière aussi incontrôlée qu’avant.

Forte demande de vaccins adaptés

: Quelle est l’attitude des gens en ce moment, peut-être se faire booster une nouvelle fois avec les nouveaux vaccins Corona adaptés ?

Hanefeld : Nous avons en ce moment relativement beaucoup de questions à ce sujet. Dieu merci, la couverture médiatique est très importante. Mais nous vaccinons nettement moins qu’il y a un an, lorsque la ruée vers la troisième vaccination était encore très, très importante. Nous sommes maintenant à un niveau où l’on peut le faire en plus de la pratique quotidienne. Il sera intéressant de voir si, si le nombre d’infections continue d’augmenter et si les cas graves se multiplient, les cabinets médicaux en auront peut-être davantage besoin.

La pression sur les cabinets médicaux augmente

: Craignez-vous de ne plus pouvoir soigner correctement d’autres patients en cas d’augmentation du nombre d’infections et de la charge de travail qui en découle ? Par exemple, les malades chroniques qui ont besoin d’un traitement régulier ?

Hanefeld : La pression augmente dans les cabinets médicaux. Nous avons en effet d’autres choses à faire en plus des soins aux patients, des formalités, de la documentation, etc. Et plus on est sous pression, plus le risque d’erreur est naturellement élevé dans tout système.

Je pense qu’il n’est pas approprié de faire peur aux gens en leur disant qu’ils ne pourront plus recevoir de soins. Mais il faut en tout cas faire très attention à ce que l’on se concentre un peu mieux en cas de nombre élevé de cas et que l’on regarde vraiment de plus près : Qui a besoin d’un soutien médical et qui peut avoir besoin de quelques jours ou semaines ?

« Chacun peut contribuer à ce que nous passions l’hiver ».

: Que devrait-il se passer, selon vous, pour que nous passions bien cet automne et cet hiver ?

Hanefeld : De mon point de vue, il est important que l’on se souvienne qu’il existe des mesures de protection et que tous ceux pour qui la vaccination est appropriée – donc en particulier les personnes vulnérables et les personnes âgées – mettent encore une fois à jour leur protection vaccinale. Je pense qu’il y a là aussi un très grand potentiel et donc un risque relativement important de surcharger notre système de santé.

Et la deuxième chose, c’est qu’il y a aussi d’autres mesures de protection et que l’on devrait garder à l’esprit des mesures comme le port du masque et ainsi de suite, et ne pas les minimiser du côté de la politique.

Et ce à quoi il faut aussi faire attention, c’est qu’il y a encore une maladie supplémentaire, à savoir la grippe. Nous pouvons tous faire quelque chose, et chacun peut aussi contribuer à ce que la santé globale de la population reste telle que nous puissions passer cet hiver sans encombre.