Le nouveau frein aux prix du gaz doit également soulager les consommateurs de manière rétroactive – sans que ceux-ci ne doivent agir eux-mêmes. Mais les défenseurs des consommateurs s’attendent à des problèmes lors de la mise en œuvre.
Le téléphone de Christian Weindorf sonne sans arrêt, depuis des mois déjà. Ce conseiller en énergie et ramoneur de Dortmund conseille les gens dans toute la région de la Ruhr sur la manière de réduire leur consommation d’énergie. Il explique que la forte hausse des prix du gaz met de nombreux ménages sous pression financière.
Susanna Zdrzalek
Entrée en vigueur du frein aux prix de l’électricité et du gaz
Susanna Zdrzalek, WDR, tagesthemen 22h15, 28.2.2023
Plus de 100 euros d’économies mensuelles
Mais tout le monde ne peut pas transformer sa maison du jour au lendemain. « Beaucoup de gens sont très touchés. J’ai des clients qui sont retraités et qui ont une petite maison. Il n’y a plus beaucoup de marge dans le budget, ni pour un gaz durablement cher, ni pour une grande rénovation énergétique de la maison », explique Weindorf. « Nous essayons alors d’agir sur de petites vis de réglage ».
Le frein au prix du gaz doit soulager de telles personnes. Il entre en vigueur aujourd’hui, 1er mars, avec effet rétroactif au 1er janvier 2023. La consommation de gaz de l’année précédente sert de base. Pour 80 % de cette consommation, le prix est plafonné à douze centimes d’euro par kilowattheure. Pour les 20 % restants, les clients paient le prix plus élevé convenu dans le contrat avec leur fournisseur. Cela doit motiver à économiser l’énergie.
La centrale des consommateurs de Rhénanie-du-Nord-Westphalie a calculé combien d’argent une famille de quatre personnes consommant 29.000 kilowattheures par an économiserait grâce au frein au prix du gaz si elle devait payer actuellement 18 centimes par kilowattheure. Cela représente plus de 100 euros. Si cette famille réduit en outre sa consommation d’énergie de 20 pour cent, elle peut même diviser par deux ses frais de chauffage mensuels : De 435 euros à 232 euros.
Les clients n’ont rien à faire ?
C’est une loi passable que le gouvernement fédéral a mise en place, estime Holger Schneidewindt, responsable des questions de droit de l’énergie à la centrale des consommateurs de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. En théorie, le frein au prix du gaz est conçu de telle sorte que les consommateurs n’ont rien à faire et que le fournisseur d’énergie adapte automatiquement les réductions. Mais dans la pratique, les choses ne se passent pas aussi simplement.
« Nous voyons déjà des lettres qui ne sont pas en ordre, où le montant de l’acompte est trop élevé, au détriment des consommateurs ». Cela pourrait être lié à des erreurs informatiques. Mais Schneidewindt n’exclut pas que certaines brebis galeuses parmi les fournisseurs d’énergie puissent sciemment se tromper dans leurs calculs.
Les défenseurs des consommateurs s’attendent à une « prolifération » de la mise en œuvre
Les choses peuvent toujours se compliquer si la consommation d’énergie a beaucoup changé récemment, explique Schneidewindt. « Qu’en est-il des personnes qui ont déménagé l’année dernière ou dont les enfants ont quitté la maison ? Cela n’est pas réglé par la loi ». De plus, de nombreux consommateurs attendraient encore la lettre du fournisseur d’énergie. « Nous craignons une prolifération sauvage dans l’application. C’est aussi ce qui rend le conseil aux consommateurs si difficile », explique Schneidewindt.
Ingbert Liebing, en revanche, directeur général de l’association des entreprises communales, qui représente les services municipaux en Allemagne, demande de la patience : « Tous les services municipaux travaillent d’arrache-pied et avec passion à la mise en œuvre de la loi depuis qu’elle a été adoptée peu avant Noël ». De nombreux clients auraient reçu dans les délais les lettres d’information contenant des indications détaillées sur les dégrèvements.
« Même s’il devait y avoir des retards isolés et involontaires dans la mise en œuvre du frein aux prix de l’énergie : Tout le monde aura son allègement ». Les services municipaux doivent tenir compte de nombreuses constellations tarifaires et de nombreux cas exceptionnels et dépendent de leurs prestataires de services informatiques, de leur savoir-faire et de leurs capacités pour adapter les programmes de facturation, explique Liebing.
Le prix du gaz a baissé sur le marché mondial
Alors que de nombreux clients ont été informés par leurs fournisseurs de fortes augmentations de prix en fin d’année, le prix du gaz sur le marché mondial a récemment baissé de manière significative. Alors qu’il était ponctuellement de 150 euros par mégawattheure de gaz en décembre, il n’était plus que d’à peine 50 euros fin février. Le frein au prix du gaz est-il donc obsolète, puisque les fournisseurs vont prochainement revoir les prix à la baisse ?
La tendance à la baisse est déjà visible sur les portails de comparaison des prix sur Internet, affirme Schneidewindt, défenseur des consommateurs de la centrale des consommateurs de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Mais l’expert du marché de l’énergie Georg Zachmann tempère les attentes. « Nous sommes sur une corde raide. Il y a le risque qu’un petit problème – qu’il s’agisse d’un pipeline ou d’une demande trop forte en Europe lors d’un hiver particulièrement rigoureux – fasse à nouveau basculer le marché et que nous voyions à nouveau des prix nettement plus élevés ».
Les consommateurs s’arment
De nombreux clients du conseiller en énergie Weindorf ne veulent pas compter sur la baisse des prix du gaz. Marcel Giesswein, de Schwelm, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, prévoit par exemple de rénover sa maison sur le plan énergétique afin de pouvoir y installer un jour une pompe à chaleur.
« J’ai une maison relativement grande que je chauffe, et c’est pourquoi le frein au prix du gaz m’aide bien sûr particulièrement. À court terme, ça va, mais à long terme, je pense qu’on devrait encourager de manière plus ciblée – surtout ceux qui sont vraiment à court d’argent ». L’objectif de Giesswein est de devenir indépendant du gaz. Pour cela, il veut prochainement, dans un premier temps, remplacer les fenêtres en bois qui fuient par de nouvelles.