Des doutes sur le modèle en deux étapes

Les propositions de la Commission du gaz d’adopter des réductions de gaz en décembre et de plafonner les prix à partir de mars ont suscité des réactions diverses. Leur mise en œuvre soulève de nombreuses questions parmi les défenseurs des consommateurs.

Le modèle en deux étapes n’est pas une grande réussite, mais cela n’est guère surprenant, selon le conseiller en énergie Hans Weinreuter de la centrale des consommateurs de Rhénanie-Palatinat. « Apparemment, on veut maintenant s’acheter un peu de liberté avec le paiement unique, afin d’imaginer les subtilités du véritable modèle de plafonnement des prix du gaz et d’en discuter ensuite ».

Christin Jordan

Il est difficile de concilier toutes les exigences : « Cela doit être juste, cela doit être rapide, cela doit être non bureaucratique, cela doit inciter davantage à l’économie, et tout cela doit être mis en pratique avec près de 700 fournisseurs de gaz en Allemagne ».

La mise en œuvre soulève de nombreuses questions

La manière exacte dont le remboursement des coûts énergétiques par l’Etat doit fonctionner n’est pas claire, critique Jens Südekum de l’Institut pour l’économie de la concurrence de Düsseldorf. Il a déclaré à l’agence de presse Reuters : « Il est apparemment prévu que les fournisseurs d’énergie n’adressent pas leurs factures d’acompte pour un mois aux clients, mais directement à l’Etat. Cela peut paraître simple, mais dans la pratique, cela devrait entraîner une énorme bureaucratie, car il s’agit de millions de cas. Cela risque de retarder les paiements ».

De plus, le remboursement des charges n’incite pas à faire des économies et favorise particulièrement les ménages riches qui consomment beaucoup d’énergie, les deux allant dans la mauvaise direction. « Dans l’ensemble, l’action tardive des politiques se retourne contre eux. Si la Commission avait pu commencer ses travaux plus tôt, le plafonnement raisonnable des prix aurait peut-être été opérationnel avant Noël. Ainsi, les ménages et les entreprises doivent attendre plus longtemps et sont rassurés en attendant par un paiement spécial douteux ».

Absence d’incitation à l’épargne

Marcel Fratzscher, président de l’Institut allemand d’économie, porte également un regard critique sur le paiement unique : « Les remboursements directs des factures de gaz ne peuvent être qu’une solution de transition, car ils n’incitent guère à économiser et ne sont pas ciblés. Il s’avère que tout frein aux prix ne peut être utile qu’avec des transferts directs aux personnes à faibles revenus et aux entreprises exposées ».

Une exigence à laquelle se rallie également le défenseur des consommateurs Weinreuter : « Nous devons veiller à ce que cela ne redevienne pas le thème du ‘principe de l’arrosoir’. Nous avons de grandes différences de revenus entre les ménages et il s’agit maintenant d’aider rapidement les personnes à faibles revenus. La question est de savoir si cela leur suffit, un acompte unique, il faut voir comment on peut les aider en plus, pour éviter les coupures de gaz ou même la résiliation du logement parce que les charges ne peuvent pas être payées ».

Le temps presse

Le rapport final de la Commission du gaz est attendu dans trois semaines, avec de nouvelles propositions. La balle sera alors dans le camp des politiques. Le chef du DIW, M. Fratzscher, insiste sur la nécessité de se dépêcher. « Les propositions ne peuvent être qu’un élément de soulagement pour les gens. Plus le gouvernement fédéral hésitera à agir, plus une solution paraîtra coûteuse et plus le risque de pénurie de gaz en hiver sera grand ».