L’hiver sera rude, et personne ne pourra dire qu’il ne savait pas. Depuis des semaines, la politique et l’industrie énergétique préparent la population à des factures de gaz et d’électricité exorbitantes. Il n’y a pas grand-chose à faire contre cela, si ce n’est chauffer moins. Les experts préviennent que l’on pourrait le payer par des murs moisis et des refroidissements. Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas vu un tel pessimisme officiel.
Il est donc tout d’abord très réjouissant d’apprendre que la Fondation fédérale pour la culture soutient désormais 26 projets artistiques et culturels climatiquement neutres à hauteur de plus de trois millions d’euros. Il s’agit d’expérimenter « des marges de manœuvre en matière de climatisation et de chauffage », « des formes alternatives de production d’énergie », « des concepts de mobilité respectueux de l’environnement pour les équipes artistiques et des matériaux de construction organiques pour les décors de théâtre et les architectures d’exposition ». L’argent ira à des institutions de toutes les disciplines, dont le Deutsches Nationaltheater et la Staatskapelle de Weimar, le Schauspielhaus de Düsseldorf, la Schaubühne de Berlin, le Tanztheater de Wuppertal et le Museum Ludwig de Cologne.
Le mot « expérimenter », très apprécié dans la prose des demandes et des subventions de l’industrie culturelle, apparaît encore une fois dans le communiqué de presse. « En effet, les trois millions d’euros doivent également servir à « expérimenter des esthétiques de durabilité écologique ». Et c’est là que l’on commence à se poser des questions. N’est-il pas un peu tard pour les « essais », compte tenu de l’urgence qui se profile ? Et ne faudrait-il pas plutôt dépenser cet argent pour garder les maisons ouvertes ?
Les variations climatiques pourraient endommager les biens culturels dans les réserves des musées
Après tout, il y a seulement deux semaines, les ministres allemands de la culture ont adopté un document édifiant dans lequel ils mettent en garde contre l’urgence gazière à venir. Comme à l’époque de Corona, les musées et autres institutions culturelles pourraient être contraints de fermer en hiver, leur budget ne leur laissant aucune marge de manœuvre pour faire face à l’augmentation des coûts de chauffage. La situation serait encore plus dramatique si le pire des scénarios se produisait et que le gaz était rationné en Allemagne. Les institutions culturelles pourraient alors être parmi les premières à ne plus être approvisionnées en gaz. Les variations climatiques qui en résulteraient pourraient endommager les biens culturels sensibles dans les dépôts des musées, préviennent-ils.
La plupart des musées allemands ne sont guère préparés à cette éventualité. Peut-être que les subventions de la Fondation fédérale pour la culture seraient mieux investies ici dans un premier temps. En tout cas, jusqu’au printemps.