Comment l’OTAN se prépare à une attaque nucléaire russe contre l’Ukraine

Ce jeudi, les ministres de la Défense des pays de l’OTAN se sont réunis à Bruxelles pour discuter de la marche à suivre au sein de l’Alliance au cas où la Russie attaquerait l’Ukraine avec des armes nucléaires.

La question de savoir comment renforcer la dissuasion nucléaire de l’OTAN face aux menaces actuelles de la Russie a également été abordée lors des discussions.

Le projet lancé jeudi par l’Allemagne et 14 pays partenaires pour la mise en place d’un meilleur système européen de défense aérienne devrait faire partie des efforts de dissuasion.

Les pays de l’OTAN se préparent au scénario catastrophe d’une attaque nucléaire russe contre l’Ukraine. Les ministres de la Défense de 29 des 30 pays de l’Alliance ont discuté jeudi des derniers développements et des menaces du président russe Vladimir Poutine lors d’une réunion classée secrète du soi-disant groupe de planification nucléaire. Seule la France n’a pas participé à cette réunion. La seule puissance nucléaire actuelle parmi les pays de l’UE mise depuis des décennies sur le principe de « l’indépendance nucléaire » et n’est donc pas membre du Groupe de planification nucléaire.

Les discussions ont notamment porté sur les conséquences pour l’Alliance d’une intervention nucléaire russe en Ukraine et sur la manière de maximiser la dissuasion nucléaire de l’OTAN face aux menaces actuelles de la Russie.

Les participants n’ont pas donné d’informations concrètes sur les détails de la réunion. Mais une partie des efforts de dissuasion et de défense renforcés est un projet lancé jeudi par l’Allemagne et 14 pays partenaires pour construire un meilleur système européen de défense aérienne.

Les pays de l’OTAN restent silencieux sur les réactions possibles à une attaque nucléaire russe

Concrètement, le système de défense aérienne doit aider à combler les lacunes existantes dans l’actuel bouclier de protection de l’OTAN pour l’Europe. Il existe par exemple des lacunes dans le domaine des missiles balistiques qui atteignent de hautes altitudes sur leur trajectoire, mais aussi dans la défense contre les drones et les missiles de croisière.

Les autres réactions possibles de l’OTAN à une utilisation d’armes nucléaires par la Russie sont toutefois passées sous silence. Ce silence fait pourtant partie de la stratégie de dissuasion. Pour le président russe Poutine, le risque d’une telle action doit rester incalculable.

Il est toutefois clair que la réaction finale dépendrait de ce que la Russie ferait exactement. Dans le cas d’une attaque nucléaire russe sur des grandes villes comme Kiev, même une intervention directe de l’OTAN n’est pas exclue. En cas d’accord de tous les alliés, l’OTAN pourrait alors tenter de neutraliser militairement les troupes d’invasion russes en Ukraine. Selon des sources au sein de l’Alliance, une autre option serait une cyberattaque massive, par exemple pour paralyser des infrastructures critiques comme l’approvisionnement en électricité ou les communications. Une telle action est également considérée comme envisageable si la Russie devait utiliser de petites armes nucléaires tactiques de manière ciblée contre les forces armées ukrainiennes.

Les manœuvres annuelles de l’OTAN visent à dissuader la Russie

Afin d’empêcher une extension de la guerre sur le territoire de l’OTAN, l’OTAN mise également de manière plus offensive qu’elle ne l’a fait depuis longtemps sur la dissuasion nucléaire. Ainsi, le secrétaire général Jens Stoltenberg a informé cette semaine en amont de la manœuvre annuelle de défense du territoire de l’Alliance avec des armes nucléaires. Selon les informations, l’exercice Steadfast Noon devrait débuter la semaine prochaine. D’après les informations de l’agence de presse allemande, la Bundeswehr veut notamment participer à nouveau avec des avions Tornado, qui pourraient larguer des bombes nucléaires américaines en cas d’urgence. Selon des informations non confirmées, des armes nucléaires américaines seraient stockées dans le nord de l’Italie, en Belgique, en Turquie ainsi qu’aux Pays-Bas et à Büchel, en Rhénanie-Palatinat.

Les avis divergent entre-temps au sein de l’OTAN sur la probabilité d’une utilisation d’armes nucléaires par la Russie en Ukraine. Le secrétaire général de l’OTAN Stoltenberg a récemment qualifié les menaces nucléaires de Poutine de « dangereuses et irresponsables » et a déclaré que la Russie avait été clairement informée qu’une utilisation d’armes nucléaires aurait de « graves conséquences » pour le pays. Il a également souligné que l’OTAN n’avait jusqu’à présent pas vu de changement dans la stratégie nucléaire de la Russie.

L’annexion de quatre territoires ukrainiens occupés, en violation du droit international, a récemment suscité de nouvelles inquiétudes. Poutine, entre autres, a ensuite annoncé que ces territoires seraient défendus par tous les moyens disponibles. Le chef du Kremlin a ainsi alimenté les spéculations selon lesquelles la Russie pourrait utiliser des armes nucléaires tactiques à portée limitée sur le champ de bataille.

DPA/jel