Sous pression

Les ministres Lindner et Habeck se disputent au sujet de l’allongement de la durée de vie des centrales nucléaires. Il s’agit de profil, de responsabilité et aussi du facteur temps. Les deux politiciens sont sous pression. Il faut trouver un compromis.

Les positions ne pourraient guère être plus différentes : Le ministre de l’Economie Robert Habeck a accepté que les deux centrales nucléaires d’Isar 2 et de Neckarwestheim continuent à fonctionner en continu, mais pas celle d’Emsland en Basse-Saxe.

Oliver Sallet

Le FDP ne veut pas seulement laisser fonctionner les trois centrales nucléaires restantes jusqu’en 2024, mais aussi examiner la possibilité de réactiver les réacteurs déjà arrêtés. Le fait que tout cela se passe au milieu de la plus grande crise énergétique depuis des décennies et avec une horloge qui fait de plus en plus de bruit rend la querelle des feux de signalisation encore plus explosive. Les Verts et le FDP sont soumis à une pression énorme pour trouver rapidement un compromis.

Le conflit sur la durée de vie des centrales nucléaires se poursuit

Kerstin Dausend, ARD Berlin, Morgenmagazin, 12.10.2022

Faire de la défaite un succès

Lundi, la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires devait être décidée par le cabinet. C’était déjà la deuxième tentative, mais elle n’a pas eu lieu. Car elle aussi a échoué en raison du blocage du ministre des Finances Lindner sur les plans Habeck. Après les élections régionales en Basse-Saxe, où la centrale nucléaire d’Emsland doit être fermée à la fin de l’année, il fait à nouveau campagne pour la poursuite de l’exploitation. Le chef du FDP veut ainsi faire d’une défaite un succès : pousser les Verts devant lui, affiner le profil économique, tout en augmentant la pression. Cela passe bien auprès des électeurs du FDP.

Mais Habeck veut continuer à s’accrocher aux plans : « Il y avait un accord clair avec les partenaires de la coalition, malgré des perspectives différentes, pour faire passer ce projet de loi sur la réserve opérationnelle au cabinet lundi », a fait savoir le ministère de l’Economie. « En raison de désaccords politiques, on s’est toutefois écarté de cet accord ». Le calendrier serré de la procédure ne peut donc pas être respecté, ce dont les opérateurs ont été informés.

Les Verts mettent en garde

Le chef du groupe parlementaire du FDP, Christian Dürr, a démenti : il n’y a pas de consensus sur le sujet et donc pas non plus de consensus sur le fait qu’il y aura une décision du cabinet. « Le temps nous est compté », s’oppose le ministre de l’Economie Habeck en guise d’avertissement – et avec lui de nombreux experts qui sont d’avis que des réparations nécessaires doivent être effectuées pour la poursuite de l’exploitation d’Isar 2 et qu’une décision doit donc être prise le plus rapidement possible. « En d’autres termes, la poursuite de l’exploitation jusqu’au printemps 2023 pourrait être annulée pour des raisons techniques, car les Verts et le FDP ne parviennent pas à se mettre d’accord politiquement.

La chef du groupe parlementaire des Verts, Katharina Dröge, prévient que le FDP « portera la responsabilité si l’électricité vient à manquer en hiver ». C’est pourtant le scénario que le chef du FDP Lindner veut éviter. Mais depuis les élections régionales en Basse-Saxe, où les libéraux ont manqué leur entrée au Landtag avec 4,7 pour cent, Lindner cherche à se profiler et à affiner les positions libérales – en particulier la poursuite de l’utilisation de l’énergie nucléaire au-delà de l’hiver. Lindner et le FDP veulent maintenant livrer la marchandise, rester fidèles à leur propre ligne, ramener des succès à la maison, mais la voie est étroite – et pas seulement pour le FDP.

Habeck aussi sous pression

Les Verts de Habeck sont également sous pression. Ils ont certes remporté un grand succès lors des élections en Basse-Saxe, mais le congrès du parti est désormais prévu pour le week-end. Pour de nombreux Verts, l’abandon du nucléaire concerne l’œuvre de leur vie ou leur ADN politique, et pour eux, le débat reste émotionnel.

Habeck, dont les décisions politiques sont souvent dictées par la pression de sa propre base, pourrait se voir condamné si des coupures de courant survenaient en Allemagne en hiver et qu’on lui reprochait d’avoir fixé les mauvaises priorités à l’automne. De la part de Habeck, on se contente de dire : il y a eu un test de résistance, il y a eu un accord et il n’y a pas de nouveaux faits.

Le senior des Verts et principal opposant au nucléaire Jürgen Trittin pense que le FDP rendrait même finalement service à son parti : « S’il ne veut pas arriver à la conclusion qu’il ne se passe rien du tout et que Neckarwestheim et Isar seront débranchés le 31 décembre », alors le FDP n’a qu’à maintenir le blocage.

Il n’y a qu’une seule personne dont on entend peu parler jusqu’à présent dans le conflit nucléaire de l’Ampel. Le chancelier Scholz. Il devrait maintenant faire preuve de leadership et de médiation afin d’amener Habeck et Lindner à la table du cabinet. Il ne lui reste pas beaucoup de temps pour cela.