Que disent les partisans d’un Brexit dur ?

L’accord conclu entre l’Irlande du Nord et l’UE est salué comme une « étape importante » par la presse britannique. Mais on ne sait pas exactement quel soutien le Premier ministre Sunak a obtenu dans son parti conservateur.

Cet accord est qualifié d' »historique » et d' »étape importante » dans les commentaires des journaux anglais. Mais tout cela n’aidera pas le Premier ministre Rishi Sunak si l’accord échoue en raison de l’opposition au sein de son propre parti.

Christoph Prössl

Sunak s’est exprimé pendant près d’une demi-heure hier à la Chambre des communes et a expliqué pourquoi le résultat des négociations constituait selon lui une percée : « Des milliers de pages de législation européenne sont abrogées, c’est la percée, ce sont les changements que nous apportons. Il s’agit maintenant d’aller de l’avant en tant que Royaume-Uni uni », a lancé le Premier ministre aux députés.

L’UE se montre conciliante

Les lois européennes continueront bien sûr à s’appliquer, mais l’Union européenne s’est montrée très conciliante envers le gouvernement britannique. En effet, les produits anglais pourront désormais être exportés vers l’Irlande du Nord, et s’il s’agit par exemple de légumes ou de saucisses pour les supermarchés nord-irlandais, les règles européennes ne s’appliqueront pas du tout.

Derrière Rishi Sunak, dans les rangs, se trouvait Theresa May, l’ancienne Première ministre qui avait déjà échoué en 2018 dans la tâche exigeante de négocier un accord de retrait et qui a donc été larguée par son propre parti en 2019.

Les partisans de Johnson pourraient voter contre

Mais derrière lui se trouvaient aussi les idéologues du Brexit, qui considèrent tout accord avec l’Union européenne comme une trahison de l’électorat. Ce compromis en contient-il assez pour les satisfaire ? Sunak, qui a eu besoin de deux tentatives et de l’échec de la Première ministre Liz Truss pour devenir chef du gouvernement, a fait la promotion d’un droit de veto pour le gouvernement régional d’Irlande du Nord. Grâce à une règle spéciale, les députés du parlement régional peuvent bloquer les nouvelles directives de l’UE.

Il est actuellement difficile d’évaluer l’ampleur de la résistance au sein de son propre parti. Les médias britanniques ont rapporté qu’il y aurait tout au plus 20 à 30 députés qui ne voteraient pas en faveur de l’accord, principalement des partisans de Boris Johnson. Mais cela signifierait que Sunak parviendrait à réunir sa propre majorité et échapperait à une humiliation au Parlement.

Le DUP nord-irlandais pourrait créer des problèmes

Le Labour avait déjà annoncé qu’il voterait en faveur du compromis avec l’UE, arguant de sa responsabilité d’homme d’Etat : « Cet accord nous permet d’aller de l’avant en tant que pays et de ne pas nous perdre dans des débats sans fin avec nos partenaires », a déclaré le chef du Labour Keir Starmer, qui voulait autrefois empêcher le Brexit, mais qui estime aujourd’hui qu’il ne pourra plus gagner d’élections en revenant sur le Brexit.

Un conflit ouvert se dessine avec le DUP nord-irlandais, le parti unioniste, qui avait posé des conditions et souhaitait en fait que le protocole sur l’Irlande du Nord soit purement et simplement supprimé : « On ne peut pas nier que le droit européen s’applique encore dans certains domaines en Irlande du Nord », a déclaré le chef du DUP Jeffrey Donaldson.

Le parti ne dispose que de huit députés à la Chambre des communes britannique, mais l’opposition du DUP a surtout des répercussions au Parlement régional d’Irlande du Nord. Le parti y bloque la formation d’un gouvernement – et ce depuis des mois. De nombreux Nord-Irlandais sont excédés par les nombreuses tâches à accomplir : un accord de paix laborieusement négocié il y a 25 ans et un conflit qui continue de faire planer son ombre sur l’année 2023.