Où va Lufthansa ?

Lufthansa a récemment connu des hauts et des bas – avec le président du groupe Spohr à sa tête. Celui-ci veut poursuivre sa stratégie au cours de son troisième mandat : croissance internationale et présence dans le peloton de tête mondial.

Les contrôleurs du conseil de surveillance n’avaient déjà laissé planer aucun doute au cours des semaines précédentes. Le président de Lufthansa, Carsten Spohr, est selon eux l’homme de la situation à la tête du groupe, même pour un troisième mandat. Officiellement, son contrat actuel court encore jusqu’à la fin de l’année. La prolongation du contrat intervient désormais de manière anticipée, juste avant que le manager de 56 ans ne présente les chiffres du bilan pour l’exercice 2022 écoulé. C’est un signal clair.

Michael Immel

Le crash de Germanwings a été le point le plus bas

Depuis son entrée en fonction en 2014, Spohr a dirigé Lufthansa à travers bien des crises graves – notamment les conséquences du crash d’un avion de Germanwings en mars 2015 dans les Alpes françaises. 150 personnes sont mortes dans l’accident. Trois années de pandémie ont également tenu le dirigeant du groupe sur le qui-vive. Ce n’est que grâce à des aides publiques remboursées entre-temps que Spohr a pu sauver le groupe d’une faillite.

Karl-Ludwig Kley, président du conseil de surveillance de Lufthansa, résume ainsi les huit années passées par Spohr : « Durant cette période, il n’a pas seulement surmonté les crises et les défis les plus difficiles, mais il a également été responsable des trois années les plus prospères de l’histoire du groupe sur le plan économique ». Selon lui, grâce à son expérience, ses compétences et sa personnalité, le président du directoire Spohr est la personne idéale pour relever les défis à venir.

Un été touristique turbulent – cette année encore ?

Mais là où il y a beaucoup de lumière, il y a aussi de l’ombre, c’est bien connu. Ainsi, le bilan de Spohr n’est pas totalement sans nuages. En effet, au début de la pandémie, Lufthansa avait fortement réduit ses effectifs. Plus de 30.000 collaborateurs ont quitté le groupe dans le monde entier, ce que les voyageurs ont ressenti de plein fouet l’été dernier. Vols annulés, valises manquantes : le système complet dans les aéroports a été déstabilisé par endroits.

Et les effets de la pandémie n’épargnent pas Lufthansa en cet été touristique. La marque principale supprime environ 34.000 vols pour l’horaire d’été – et donc environ dix pour cent de l’horaire proposé. Jusqu’à 500 vols par jour seront ainsi supprimés. Raison principale : le personnel est rare, comme toujours. D’ailleurs, dans l’ensemble du secteur aérien.

Le rachat d’ITA toujours bien en vue

La future orientation de la plus grande compagnie aérienne allemande sera moins axée sur le marché national. Spohr et la direction de Lufthansa veulent à l’avenir se développer dans le secteur des compagnies aériennes et conquérir de nouveaux marchés. A cet égard, l’entrée au capital de la compagnie aérienne italienne ITA, qui opérait auparavant sous le nom d’Alitalia, semble à portée de main. Dans un deuxième temps, il pourrait s’agir d’une reprise complète. Des négociations exclusives sont actuellement en cours avec le gouvernement de Rome. Un résultat est attendu dans les semaines à venir.

L’Italie joue un rôle important dans l’aviation en Europe. Ce n’est pourtant pas le marché italien qui semble particulièrement attractif, car Ryanair y est en embuscade et ITA n’avait dernièrement qu’une part de marché de moins de 30 pour cent. Il sera plutôt intéressant d’observer comment Lufthansa gère le plus grand aéroport italien, Rome-Fiumicino, et les vols long-courriers. Rome serait une bonne plaque tournante pour l’hémisphère sud.

La situation du secteur aérien ne s’améliore que lentement

La consolidation dans le secteur aérien continue de progresser lentement. Outre ITA, la compagnie portugaise TAP est régulièrement citée comme un autre candidat à la reprise. Le gouvernement souhaite privatiser la compagnie aérienne entièrement nationalisée pendant la crise. Un processus de vente devrait être lancé cette année.

C’est pourquoi le sujet est également sur la table de Spohr. En effet, si l’on considère les liaisons aériennes proposées par TAP, il apparaît clairement que les Portugais disposent de plusieurs itinéraires attrayants vers l’Amérique du Sud. Une telle offre s’inscrirait aussi parfaitement dans la stratégie de Lufthansa.