« Il n’est évidemment pas judicieux de brûler de vieux chênes »

Schünemann : Nous n’avons pas besoin de parler du fait qu’une forêt tropicale vierge au Brésil ou des écosystèmes forestiers intacts dans notre pays doivent rester intacts. Mais il y a aussi des forêts économiques. Si elles sont gérées de manière durable, leurs émissions de CO2-est largement neutre. Il est important d’utiliser le bois en cascade. Cela signifie que le bois est d’abord utilisé matériellement comme matière première pour des produits durables tels que des meubles, puis recyclé autant que possible et seulement valorisé énergétiquement en fin de vie.

Prochnow : Il faut à mon avis considérer cela de manière très différenciée. De quels types de forêts et de bois parlons-nous ? Il n’est évidemment pas judicieux d’abattre de vieux chênes et de les brûler. Mais tous les bois ne se valent pas. Si la sciure de bois ainsi que le bois usagé et le bois de faible diamètre sont utilisés à des fins énergétiques dans des centrales thermiques modernes au bois, j’y vois des avantages pour le climat. Je ne partage pas l’avis selon lequel il serait plus nuisible pour le climat de brûler du bois que du pétrole. Lorsque l’arbre finit par pourrir, le dioxyde de carbone s’échappe également, mais un peu plus lentement.

Oui, mais entre-temps, le bois en décomposition restitue des éléments nutritifs et offre un abri à de nombreux spécialistes… Mieux vaut donc le laisser dans la forêt ?

Prochnow : Là encore, il faut faire preuve de discernement pour tenir compte des différents objectifs. Bien entendu, pour préserver la biodiversité, il faut laisser une part suffisante de vieux bois et de bois mort dans la forêt. D’autre part, cette proportion doit être adaptée aux intérêts de l’exploitation du bois et de la protection contre les incendies, et il faut éviter que les parasites et les maladies ne se propagent.

Les cultures énergétiques comme le maïs et le colza sont souvent cultivées en monoculture sur de grandes surfaces. La biodiversité n’en pâtit-elle pas ?

Prochnow : Nous voilà face à des conflits d’objectifs. Est-ce que je veux remplacer les matières premières fossiles et ainsi protéger le climat ou est-ce que je veux promouvoir la biodiversité ? Est-ce que je veux nourrir les animaux ou plutôt cultiver des aliments végétaux ? En fin de compte, nous voulons et avons besoin de tout, mais nous devons fixer de nouvelles priorités, trouver un juste équilibre et exploiter les synergies chaque fois que c’est possible. Ainsi, consommer moins de produits animaux est une nécessité impérieuse. En outre, il convient de faire avancer des solutions basées sur la nature, comme la remise en eau des marais ou le pâturage extensif, qui allient protection du climat et de la biodiversité. Mais restons-en à la matière première qu’est le bois. L’avantage des arbres est qu’ils poussent en hauteur et que le rendement par surface est donc assez élevé. Nous étudions par exemple les plantations à courte rotation. Ces plantations sont composées d’arbres à croissance rapide comme les saules et les peupliers. Elles poussent même sur des sites défavorables, fixent le carbone dans le sol, peuvent être récoltées tous les deux à cinq ans, transformées en copeaux de bois et utilisées pour produire de l’électricité et de la chaleur dans le respect du climat.