De graves affrontements dans les rues de Téhéran

La vague de protestation en Iran ne faiblit pas. Dans la capitale Téhéran, la colère contre le régime a de nouveau éclaté dans les rues et les universités. Les forces de sécurité sont intervenues violemment contre les manifestants.

Un peu plus de trois semaines après la mort de Mahsa Amini, une jeune Kurde de 22 ans, l’Iran ne retrouve pas son calme. Dans la capitale Téhéran, des manifestants ont utilisé des cocktails Molotov. Selon des témoins oculaires, ils ont également lancé les bombes à essence sur la police et les forces de sécurité à proximité et devant l’université de Téhéran.

L’agence de presse étatique IRNA a confirmé que des bombes à essence avaient été lancées contre des bâtiments publics, mais pas contre les fonctionnaires. Selon le rapport, les manifestants ont à nouveau scandé des slogans contre l’élite politique islamique.

Concerts de klaxons pour les manifestants

Des affrontements ont également eu lieu à nouveau devant l’université d’élite Sharif, a-t-on appris. La police a fait usage de gaz lacrymogènes contre les manifestants. Des coups de feu auraient également été tirés.

Les affrontements ont de nouveau provoqué des embouteillages sur certaines routes principales de Téhéran. Des automobilistes auraient alors soutenu les manifestants par des concerts de klaxons et crié des slogans critiques envers le système.

Des étudiantes à Raisi : « Dégage »

Le président Ebrahim Raisi s’est rendu à l’université Al-Sahra de Téhéran où il a de nouveau parlé d’opérations de conspiration étrangères contre la République islamique. « Même dans les universités, les ennemis veulent désormais mettre en œuvre leurs objectifs », a affirmé le clerc. Mais les étudiants et les professeurs iraniens veilleront à ce que tous ces complots échouent, a-t-il déclaré selon l’agence de presse Isna.

Dans une vidéo diffusée sur Twitter, on verrait des étudiantes qui lui auraient alors crié « Dégage ». Le guide spirituel suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, avait auparavant également qualifié les protestations anti-gouvernementales de complot étranger.

Apparemment, des grèves dans quatre villes

Les protestations contre le système islamique entrent désormais dans leur quatrième semaine. Le groupe iranien de défense des droits de l’homme Hengaw a fait savoir qu’après un appel à des manifestations de masse, des manifestations et des grèves ont eu lieu dans quatre villes. Dans les villes kurdes de Sakkes et Sanandaj, les forces de sécurité ont tiré sur les manifestants et utilisé des gaz lacrymogènes.

Selon les observateurs, les protestations se poursuivent de plus en plus sous forme de désobéissance civile. D’autres parlent également d’une « révolution numérique », car les vidéos enregistrées des actions de protestation dans le pays sont postées sur les médias sociaux. Les manifestants atteignent ainsi des millions de personnes dans le pays et à l’étranger. Cette stratégie rend plus difficile pour les forces de police et de sécurité de réprimer les protestations.

Groupes de défense des droits civiques : 150 morts

La Kurde Amini avait été arrêtée le 13 septembre à Téhéran parce qu’elle aurait enfreint les règles relatives au port du foulard. Elle est décédée trois jours plus tard. Les informations sur les circonstances de sa mort sont contradictoires. Selon l’Etat, un médecin légiste a conclu qu’Amini n’était pas morte sous les coups en garde à vue, mais en raison d’une maladie préexistante.

La mort de la jeune Kurde a déclenché une vague de protestations dans tout le pays, qui vise depuis longtemps les dirigeants du pays et la restriction des libertés en général. Selon les groupes de défense des droits civiques, les manifestations ont fait plus de 150 morts, des centaines de blessés et des milliers d’arrestations. Le gouvernement iranien tient ses ennemis – dont les Etats-Unis – pour responsables des manifestations. Vingt membres des forces de sécurité auraient été tués.

Les ministres de l’Intérieur discutent des expulsions

La ministre allemande de l’Intérieur Nancy Faeser a déclaré que « dans la situation désastreuse actuelle des droits de l’homme », les expulsions vers l’Iran n’étaient pas responsables. Elle a demandé aux Länder de réagir « le plus rapidement possible ».

Leurs ministres de l’Intérieur vont probablement se pencher sur une suspension des expulsions lors de leur conférence. C’est ce qu’a annoncé le président de la conférence, le ministre bavarois de l’Intérieur Joachim Hermann. La Bavière suspend déjà les expulsions vers l’Iran jusqu’à cette date, à l’exception des « criminels graves », a-t-il déclaré aux journaux du groupe de médias Funke.

Paris conseille de quitter le pays

La France a entre-temps recommandé à ses citoyens de quitter l’Iran le plus rapidement possible. Le ministère des Affaires étrangères à Paris a justifié sa recommandation par le fait que les citoyens français qui visitent le pays sont exposés à un risque élevé d’arrestations, de détentions arbitraires et de jugements injustes. Cela vaut également pour les touristes. En cas d’arrestation, le respect des droits fondamentaux et la sécurité ne sont pas garantis.

Le ministère des Affaires étrangères à Berlin déconseille également vivement de se rendre en Iran. Les Allemands courent le risque concret d’être « arrêtés arbitrairement, interrogés et condamnés à de longues peines de prison », peut-on lire dans les conseils de voyage et de sécurité disponibles sur Internet.