Baerbock veut s’unir contre Moscou

La ministre des Affaires étrangères Baerbock espère que la réunion du G20 en Inde enverra un signal clair contre la guerre d’agression russe en Ukraine. Mais il ne faut guère s’attendre à cela de la part de l’hôte indien.

Près d’un an après le début de la guerre d’agression russe contre l’Ukraine, les ministres des Affaires étrangères du G20 des principales puissances économiques se réunissent en Inde pour des consultations. Outre la guerre, la crise alimentaire et énergétique mondiale ainsi que la coopération au développement et la lutte contre le terrorisme seront à l’ordre du jour à New Delhi.

Le matin, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a atterri dans la capitale indienne. « Nous devons consacrer toute notre énergie à ces grands défis mondiaux », a déclaré Baerbock avant son départ de Berlin. « Cela implique également que nous nous opposions au jeu cynique de la Russie qui tente d’enfoncer un coin dans la communauté mondiale ».

Baerbock : des centaines de millions de personnes touchées

La politicienne des Verts a appelé à faire bloc contre la Russie. La guerre d’agression de la Russie ne touche pas seulement des personnes innocentes en Ukraine, elle met aussi en danger « la sécurité alimentaire et énergétique de plusieurs centaines de millions de personnes dans le monde ».

Dans sa déclaration, Baerbock a fait référence au vote de l’Assemblée générale des Nations unies sur une résolution demandant le retrait des troupes russes d’Ukraine. Jeudi dernier, 141 des 193 Etats membres de l’ONU avaient voté en faveur du texte. Elle est confiante dans le fait que « la grande majorité des Etats à l’Assemblée générale des Nations unies a de nouveau appelé cette guerre brutale de la Russie par son nom », a déclaré Mme Baerbock.

L’Inde, pays hôte, adopte une position neutre par rapport à la guerre d’agression russe. Le pays est fortement dépendant de la Russie dans les domaines de l’énergie et de l’armement. Jusqu’à présent, elle n’a pas participé à une résolution de l’ONU ou à des sanctions contre la Russie.

« Conflit » au lieu de « guerre

Lors d’une conférence de presse, le secrétaire d’État aux Affaires étrangères Vinay Kwatra s’est défendu contre l’accusation de financer indirectement la guerre en achetant du pétrole russe : « Nous ne le faisons pas. Vous avez soutenu la guerre pendant très longtemps en étant très longtemps dépendants de l’énergie russe et des importations chinoises ». Il a ajouté que son pays n’était pas favorable à la guerre : « Nous croyons à la diplomatie et au dialogue ». Kwatra a également parlé d’un « conflit » en Ukraine, et non d’une guerre.

Le chef du gouvernement Narendra Modi avait souligné le rôle de l’Inde en tant que bâtisseur de ponts lors de la récente visite d’État du chancelier allemand Olaf Scholz à New Delhi : « Depuis le début des développements en Ukraine, l’Inde a insisté pour que ce différend soit résolu par le dialogue et la diplomatie. L’Inde est prête à contribuer à tout effort de paix ».

Le négociateur en chef indien du G20, Amitabh Kant, a déclaré que malgré l’intérêt diplomatique croissant de l’Occident, celui-ci ne comprenait pas correctement la situation de l’Inde : « C’est parce que vous ne vivez pas dans ce voisinage ». Les pays occidentaux n’ont ni le Pakistan, ni l’Afghanistan, ni la Chine comme voisins. « Et dans cette région d’Asie du Sud, cela va être très difficile pour l’Inde si elle se met à dos la Russie ».

Que fait Lavrov cette fois-ci ?

On attend avec impatience de voir si le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov provoquera un esclandre lors de la réunion à New Delhi, comme lors de la récente réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 sur l’île de vacances indonésienne de Bali. A l’époque, il avait quitté la salle après son discours et n’avait pas écouté les interventions de ses détracteurs.

La réunion du G20 en Inde est considérée comme la première grande conférence depuis Bali au cours de laquelle Lavrov rencontre ses homologues occidentaux. Lors de sa visite d’un salon du livre à New Delhi, Lavrov a qualifié l’Inde d’amie. Les deux pays n’acceptent pas les « pratiques néocoloniales » de sanctions unilatérales, de menaces, de chantage et autres pressions. Moscou accuse régulièrement les Etats-Unis et « l’Occident collectif » de se comporter comme une puissance coloniale mondiale.

« Lavrov va rencontrer beaucoup, beaucoup de vents contraires », Oliver Mayer, ARD Neu-Delhi, à propos de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à New Delhi

Morgenmagazin, 2.3.2023

Rencontre prévue avec le ministre chinois des Affaires étrangères

Aujourd’hui, lors de la première séance de travail, les discussions devraient porter sur le renforcement du multilatéralisme, la sécurité alimentaire et énergétique ainsi que la coopération au développement. L’après-midi, la lutte contre le terrorisme et l’aide humanitaire seront notamment à l’ordre du jour.

Baerbock souhaite également rencontrer le nouveau ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang en marge des consultations. Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken est également attendu aux réunions du G20.

60 pour cent de la population mondiale représentée

Baerbock a déclaré qu’elle souhaitait faire valoir les priorités de l’Allemagne lors de la réunion du G20 : « Nous travaillons à des solutions à la crise de la dette, car beaucoup trop de pays menacent de s’effondrer sous le poids d’une dette énorme ». Il s’agit également de lutter contre la faim dans le monde. « Et nous nous engageons pour une nouvelle architecture financière internationale, car le changement climatique rend les catastrophes naturelles de plus en plus graves et coûteuses », a ajouté Mme Baerbock.

Le G20 comprend l’Union européenne et les économies les plus fortes de tous les continents. Le groupe génère, selon ses propres dires, plus de 80 pour cent du produit intérieur brut mondial, 75 pour cent du commerce mondial et représente environ 60 pour cent de la population mondiale.

Avec des informations de Charlotte Horn, ARD-Studio Neu-Delhi