En ces temps de tensions massives entre la Russie et l’Occident, le dernier grand traité sur les armes nucléaires avait encore une valeur particulière. Le chef du Kremlin Poutine veut désormais suspendre unilatéralement l’important accord « New Start ».
Selon l’expert militaire Carlo Masala, le traité est de fait en suspens depuis longtemps. Mais avec l’annonce de Poutine, le dernier accord entre les Etats-Unis et la Russie dans ce domaine n’est désormais plus d’actualité.
Poutine a accusé les Etats-Unis de se livrer à un « théâtre de l’absurde » – en référence au fait que Washington avait récemment accusé Moscou de ne pas laisser entrer d’experts dans le pays pour inspecter les installations de défense nucléaire.
Le président russe Vladimir Poutine a annoncé la suspension du dernier grand traité de désarmement nucléaire avec les Etats-Unis. Il ne s’agit pas d’un abandon, mais d’une suspension du traité « New Start », a déclaré le chef du Kremlin mardi à Moscou dans son discours à la nation.
Le traité de désarmement « New Start » est le seul grand accord de contrôle des armements qui subsiste entre les Etats-Unis et la Russie. Le traité limite les arsenaux nucléaires des deux pays à 800 lanceurs et 1550 têtes nucléaires opérationnelles chacun. Il stipule en outre que Washington et Moscou peuvent échanger des informations sur leurs arsenaux nucléaires stratégiques et organiser jusqu’à 18 visites de vérification par an.
Le contenu de l’accord était toutefois en suspens depuis longtemps, souligne l’expert militaire Carlo Masala. « Les inspections n’étaient plus possibles depuis longtemps », explique-t-il à Business Insider. Mais maintenant, cela concerne aussi, entre autres, l’échange de données. Mais le point le plus important est que « jusqu’à présent, malgré le conflit entre les Etats-Unis et la Russie, il y avait encore au moins une coopération minimale dans ce domaine. Cela aussi a disparu maintenant ».
En clair : dans le pire des cas, il pourrait y avoir à nouveau une course aux armements nucléaires entre les superpuissances, comme pendant la guerre froide.
Accusations sauvages de Poutine contre les Etats-Unis
Dans son discours, Poutine a en outre accusé les Etats-Unis de se livrer à un « théâtre de l’absurde » – en référence au fait que Washington a récemment accusé Moscou de ne pas laisser entrer d’experts dans le pays pour inspecter ses installations de défense nucléaire. En ces temps de tensions, si quelqu’un en Occident s’attend sérieusement à ce que la Russie accorde cet accès, c’est une « connerie », a déclaré Poutine. Il a en même temps réaffirmé que la Russie n’accordait pas l’accès aux experts américains parce que les inspecteurs russes n’avaient pas non plus la possibilité de se rendre aux Etats-Unis en raison des sanctions occidentales.
Poutine a surtout justifié la suspension de « New Start » par le fait que la France et la Grande-Bretagne, par exemple, continuaient à développer leurs arsenaux nucléaires et à orienter leurs potentiels nucléaires contre la Russie. Poutine a également considéré les déclarations de l’OTAN sur le programme « New Start » comme une ingérence et une raison de reconsidérer le traité.
L’OTAN a récemment accusé la Russie de rompre le traité. Le refus de la Russie de permettre des inspections américaines sur son territoire sape l’avenir du traité, a-t-on appris de Bruxelles début février. De son côté, Moscou avait déjà rejeté ces accusations à l’époque et rejeté la faute sur les Etats-Unis.
sr/lp/dpa