Une épreuve risquée pour la CDU de Merz

L’affaire Maassen est également une épreuve de vérité pour le chef de la CDU Merz. Il dépend de lui que le parti mène un débat sur ses limites à droite. La menace d’exclusion de Maassen du parti pourrait en être le début.

Il ne s’est rien passé pendant longtemps, maintenant cela doit aller vite : La direction du parti fixe à Hans-Georg Maassen un délai jusqu’à dimanche midi. D’ici là, il doit quitter la CDU, sinon le comité directeur fédéral entamera une procédure d’exclusion du parti. Ses idées n’ont pas leur place au sein de la CDU, peut-on lire dans la décision prise à l’unanimité par le comité directeur de la CDU.

Vera Wolfskämpf

Maassen avait par exemple parlé de « doctrine raciale rouge-verte » et de « racisme éliminatoire contre les Blancs ». Pour la CDU, ses propos sont proches de l’antisémitisme et des idéologies du complot.

Les dirigeants de la CDU se distancient ainsi clairement de Maassen, qui a dû quitter son poste de chef du renseignement intérieur en 2018 pour avoir mis en doute les débordements d’extrême droite à Chemnitz.

Mais la CDU prend aussi un risque en agissant ainsi : Le départ volontaire de Maassen est considéré comme improbable, même au sein de la maison Konrad Adenauer. La CDU devra alors emprunter la voie difficile d’une procédure d’exclusion du parti. Et le cas de Thilo Sarrazin montre à quel point cela peut être long. Il a fallu dix ans pour que le SPD obtienne gain de cause en l’excluant du parti. Au sein de la CDU également, on craint que Maassen ne se mette en scène comme Sarrazin en tant que « martyr » et que le débat public ne tourne constamment autour de sa personne.

Les dirigeants du parti CDU demandent à Maassen de démissionner

Nadine Bader, ARD Berlin, tagesthemen 22h15, 30.1.2023

Une épreuve de vérité pour Merz

Bien sûr, la CDU préfère parler de ses principes et de ses valeurs. Mais la menace d’exclusion de Maassen du parti est justement un signal important. Et c’est aussi un test pour le chef du parti : Friedrich Merz a toujours voulu, en principe, démarquer la CDU de la droite. Mais lorsqu’il s’agissait de franchir concrètement les limites, il envoyait son secrétaire général en premier.

C’est ce qui s’est passé fin décembre : le Landrat CDU de Bautzen, Udo Witschas, a suscité l’indignation en tenant des propos controversés sur l’hébergement des personnes en fuite. C’est alors le secrétaire général Mario Czaja qui a critiqué le choix des mots de son collègue de parti, le chef du parti Merz est resté silencieux. On ne l’a pas non plus entendu parler publiquement de différents contacts entre l’AfD et la CDU au niveau du district.

Le problème ne se limite pas à Maassen

Czaja s’est également exprimé sur Maassen dans un premier temps : il a reproché à l’ancien protecteur de la Constitution de se rapprocher encore et encore de l’AfD et lui a demandé de quitter le parti. Ce n’est que dimanche que Merz a déclaré dans le journal « Bild » : « La mesure est pleine ». A ce moment-là, Maassen venait d’être élu président de l’Union des valeurs. Et ce n’est qu’une expression du problème, pourquoi l’affaire Maassen est si délicate pour la CDU.

Car Maassen a bien des partisans au sein de la CDU – par exemple dans sa fédération d’arrondissement de Schmalkalden-Meiningen en Thuringe, qui l’a présenté en 2021 comme candidat direct aux élections fédérales et qui ne considère pas non plus aujourd’hui que les conditions d’une exclusion du parti soient remplies.

Et il trouve également un terrain d’entente avec la droite conservatrice Werteunion, dont Maassen a désormais pris la présidence. Cette association n’est certes pas une émanation officielle du parti, mais elle est composée en grande partie – à 85 pour cent selon ses propres dires – de membres de la CDU et de la CSU. Et ceux-ci ont élu Maassen à la tête de l’association à une large majorité.

Avec ses 4000 membres estimés, la Werteunion n’est certes pas un poids lourd en termes de nombre, même si elle se considère comme un mouvement de base au sein de l’Union. Mais elle montre qu’au moins une partie de l’Union est ouverte à Maassen et à ses positions de droite, parfois idéologiques sur la conspiration, ainsi qu’à son discours antisémite et völkisch.

La CDU doit fondamentalement parler de ses limites

La CDU le veut-elle ? Le parti doit se pencher sur cette question fondamentale au moins aussi urgemment que sur la personne de Maassen. La direction de la CDU n’a fait que commencer. En effet, dans sa décision présidentielle, elle ne demande pas seulement à Maassen de quitter le parti, mais aussi à tous les membres de la CDU de quitter l’Union des valeurs. Pour la direction du parti, elle n’est pas en accord avec les valeurs de la CDU. Au plus tard depuis l’élection de Maassen à la présidence, chacun de ses membres devrait se poser la question de savoir où se trouve sa patrie politique.

Plusieurs membres du parti demandent une décision d’incompatibilité comme pour l’AfD et la gauche. Ainsi, quiconque est membre de l’Union des valeurs ne pourrait plus être membre de la CDU. Mais pour cela, une décision doit être prise lors d’un congrès fédéral du parti. L’avenir nous dira si le parti a le courage de mener ce débat approfondi sur ses propres valeurs et sa démarcation par rapport à la droite. Mais il devrait avoir besoin de clarté s’il veut exclure Maassen avec succès et tracer ses frontières de manière fiable à l’avenir.