Poutine suspend sa participation au contrat « New Start

Selon le président Poutine, la Russie suspend sa participation au traité « New Start » sur les armes nucléaires avec les Etats-Unis. Dans son discours à la nation, il avait auparavant rendu les élites occidentales responsables de l’escalade en Ukraine.

La Russie suspend sa participation au traité « New Start », qui limite les arsenaux nucléaires stratégiques de Moscou ainsi que des Etats-Unis. Le président Vladimir Poutine l’a annoncé lors de son discours sur l’état de la nation devant le Parlement. Il se voit contraint de le faire. « Nous ne nous en retirons pas, mais nous suspendons notre participation ». Si les Etats-Unis procédaient à des essais nucléaires, la Russie ferait de même.

Ina Ruck, ARD Moscou, sur la suspension de l’accord « New Start » par Poutine

tagesschau 20:00, 21.2.2023

Les plafonds pour les armes nucléaires doivent toutefois être respectés

Dans la soirée, le ministère des Affaires étrangères à Moscou a fait savoir que les plafonds fixés pour les armes nucléaires continueraient néanmoins d’être respectés. Dans un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères à Moscou, on peut lire : « Afin de maintenir un niveau suffisant de prévisibilité et de stabilité dans le domaine des missiles nucléaires, la Russie a l’intention de s’en tenir à une approche responsable et respectera strictement, pour la durée du traité, les limites quantitatives qu’elle a prévues pour les armes stratégiques offensives ».

La suspension de « New Start » peut également être annulée, a-t-on ajouté à Moscou. « Pour cela, Washington doit faire preuve de volonté politique, s’engager consciencieusement en faveur d’une désescalade générale et créer les conditions d’une reprise du plein fonctionnement du traité ».

Discours sur l’état de la nation : Poutine suspend l’accord de désarmement « New Start » avec les Etats-Unis

Ina Ruck, ARD Moscou, tagesthemen 22h15, 21.2.2023

Le traité a pour but de contrer l’augmentation des arsenaux nucléaires. Signé à Prague en 2010, il est entré en vigueur en 2011 et a été prolongé de cinq ans en 2021, juste après l’entrée en fonction du président américain Joe Biden. Il limite ainsi le nombre d’ogives nucléaires à longue portée que les pays peuvent déployer. En outre, l’utilisation de missiles pouvant transporter des armes nucléaires est limitée.

Qu’est-ce que le traité « New Start » ?

Le traité « New Start » est un traité entre la Russie et les Etats-Unis dans lequel les deux pays s’engagent à réduire les armes stratégiques.

« New Start » est l’accord qui fait suite à « Start », qui a expiré fin 2009. En avril 2010, le président américain de l’époque, Barack Obama, et le président russe de l’époque, Dmitri Medvedev, ont signé le traité, valable initialement pour dix ans, qui est entré en vigueur le 5 février 2011. Le président américain Joe Biden et le chef du Kremlin Vladimir Poutine l’ont prolongé de cinq années supplémentaires en janvier 2021.

Le traité « New Start » impose aux deux partenaires de réduire le nombre de leurs têtes nucléaires à un maximum de 1550 et le nombre de vecteurs nucléaires à 800 – ces derniers ne devant pas être utilisés à plus de 700 reprises. Le respect de ces dispositions sera contrôlé par satellite et par télésurveillance, ainsi que par 18 inspections sur site par an. Il n’y a toutefois plus eu d’inspections depuis mars 2020, d’abord en raison de la pandémie de coronavirus, puis parce que Moscou a reporté les négociations sur la reprise des inspections.

La Russie et les États-Unis possèdent environ 90 pour cent des ogives nucléaires du monde. Les deux parties ont toujours souligné par le passé qu’une guerre entre puissances nucléaires devait être évitée à tout prix.

Poutine rend l’Occident responsable de la guerre

Auparavant, le président Poutine avait rendu l’Occident responsable de la guerre en Ukraine dans son discours. Il a déclaré que l’Occident avait commencé la guerre – la Russie n’a fait qu’utiliser sa « force pour arrêter la guerre ». L’Occident fait de l’Ukraine une « anti-Russie », a expliqué Poutine. Et de préciser que l’Occident voulait « nous enlever les territoires historiques que l’on appelle aujourd’hui l’Ukraine ». Poutine a ainsi tenté une nouvelle fois de justifier son invasion de l’Ukraine en affirmant que les pays occidentaux avaient menacé la Russie.

« Ne pas faire la guerre au peuple ukrainien »

Poutine a continué à souligner dans son discours que la Russie ne menait pas de guerre contre le peuple ukrainien. L’Occident a occupé le pays, installé le « régime néo-nazi » à Kiev, qui opprime le peuple ukrainien. La Russie combat ce régime. Il est en outre clair, selon Poutine, que plus les armes sont livrées, plus la Russie est contrainte de se défendre. Il a ajouté que l’Occident voulait « en finir une fois pour toutes avec la Russie ».

Poutine veut continuer à armer l’armée russe

La Russie a tout fait pour résoudre le conflit de manière pacifique – l’Occident n’y était pas intéressé, a poursuivi Poutine. Il a accusé l’Occident d’avoir joué avec de fausses cartes. Le président russe a cité les livraisons d’armes à l’Ukraine et l’extension de l’OTAN comme prétendues preuves. La Russie est néanmoins prête à entamer un dialogue constructif avec l’Occident.

L’objectif de Poutine est de poursuivre le réarmement de l’armée russe, en introduisant les technologies les plus récentes.

Concernant les sanctions occidentales, Poutine a déclaré qu’elles n’affectaient pas tant que cela la Russie. Au contraire, de nombreuses entreprises russes se portent bien et la Russie a connu une reprise au troisième et au quatrième trimestre. Le marché du travail russe connaît un recul du chômage, a encore expliqué Poutine. On occupe à nouveau les créneaux qui se sont libérés après le départ des entreprises occidentales. La Russie souhaite étendre son commerce en direction de l’Asie de l’Est.

Les Etats-Unis et l’OTAN, entre autres, se sont exprimés sur le discours de Poutine : le secrétaire d’Etat américain Blinken a qualifié la suspension du traité « New Start » de « décevante et irresponsable ». Le secrétaire général de l’OTAN, Stoltenberg, a également regretté cette décision. Il a appelé Poutine à reconsidérer sa décision. Tous deux ont en même temps clairement rejeté les reproches de Poutine qui rendait l’Occident responsable de la guerre en Ukraine.

En 2022, Poutine n’avait pas prononcé de discours sur l’état de la nation, bien que la Constitution impose un discours annuel de ce type. Le discours de cette année a eu lieu trois jours avant le premier anniversaire de la guerre russe en Ukraine.