Escalade de la violence en Cisjordanie

Quelques heures seulement après un attentat palestinien contre deux Israéliens en Cisjordanie, des colons juifs y ont mené des actions de vengeance présumées : Ces derniers ont mis le feu à des maisons et des véhicules palestiniens sur le lieu de l’attentat meurtrier.

En réaction à l’attentat meurtrier contre deux Israéliens en Cisjordanie, des colons israéliens ont attaqué des Palestiniens en fin de soirée. Les médias palestiniens ont rapporté que 30 maisons et véhicules avaient été incendiés dans la localité de Hawara. C’est là que les deux colons avaient été tués quelques heures plus tôt par des Palestiniens.

Les violences s’intensifient en Cisjordanie

journal télévisé 12:00, 27.2.2023

Selon le ministère palestinien de la Santé, au moins une personne a été abattue lors des émeutes – on ne sait toutefois pas encore qui a tiré le coup de feu mortel. Le Croissant-Rouge palestinien a fait état d’au moins quatre blessés graves. En outre, de nombreuses personnes ont été traitées pour avoir inhalé des gaz lacrymogènes. L’armée israélienne a annoncé que 15 maisons et 25 voitures avaient été incendiées. Les soldats israéliens ont évacué neuf familles palestiniennes de leurs maisons en feu pour les mettre en sécurité.

Pendant ce temps, la recherche du suspect palestinien se poursuivait. Face à la dangereuse escalade de la situation, l’armée a annoncé dans la soirée qu’elle allait renforcer ses troupes en Cisjordanie de deux bataillons.

Le président israélien condamne l’auto-justice

Le président israélien Isaac Herzog a fermement condamné les actes de vengeance. « Prendre la loi entre ses propres mains, se déchaîner et commettre des actes de violence contre des innocents – ce n’est pas notre genre », a-t-il déclaré. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a appelé au calme dans un message vidéo. « Je vous en prie : lorsque le sang bout et que les esprits s’échauffent, ne prenez pas la loi entre vos propres mains ».

Sommet en Jordanie

L’attentat a assombri une rencontre en Jordanie au cours de laquelle des représentants d’Israël, des territoires palestiniens et d’autres Etats ont discuté d’une désescalade de la violence qui s’est récemment ravivée. Le conseiller à la sécurité nationale et le chef des services secrets Shin Bet y ont participé pour Israël, le chef des services secrets et conseiller du président Mahmoud Abbas pour la partie palestinienne. Des délégations égyptiennes et américaines se sont également rendues au sommet – un signe de la gravité de la situation avant le début du mois de jeûne du Ramadan fin mars.

Dans une déclaration, les deux parties ont exprimé leur volonté de désescalader la situation, d’empêcher de nouvelles violences et d’œuvrer finalement à une « paix juste et à long terme ». C’est ce qu’a fait savoir le ministère des Affaires étrangères à Amman.

Israël a accepté de ne pas discuter de nouvelles colonies dans les territoires palestiniens pendant quatre mois et de ne pas en autoriser de nouvelles pendant six mois. Les deux parties se sont également mises d’accord pour maintenir le statu quo sur le Mont du Temple à Jérusalem, en vertu duquel les Juifs ne sont pas autorisés à y prier, a-t-on ajouté.

Une nouvelle rencontre est prévue en mars, en Egypte.

Peine de mort prévue pour les terroristes

Le gouvernement israélien de droite et de religion a entre-temps mis en route l’introduction de la peine de mort pour les crimes terroristes. Itamar Ben Gvir, ministre israélien ultra-droitier de la sécurité nationale, a déclaré que le cabinet avait pris une décision en ce sens dimanche. La Knesset, le Parlement israélien, devrait en débattre pour la première fois dès mercredi. Il s’agit d’un projet souhaité par le parti radical Otzmah Jehudit (Force juive), partenaire de coalition du Likoud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Israël avait aboli la peine de mort pour la plupart des crimes et en temps de paix en 1954. Elle reste autorisée pour certains cas, dont le génocide, les crimes contre l’humanité et contre le peuple juif, ainsi qu’en cas de guerre. Elle n’a été exécutée qu’une seule fois depuis 1954 : en 1962, l’organisateur de l’Holocauste Adolf Eichmann a été exécuté après son procès à Jérusalem.

Procureur général : le projet de loi est anticonstitutionnel

La procureure générale d’Israël, Gali Baharav-Miara, avait critiqué le projet de loi et l’avait qualifié d’anticonstitutionnel. En outre, la loi ne peut pas être étendue à la Cisjordanie comme cela est envisagé, car le droit israélien ne s’y applique pas encore.

Elle a également mis en doute l’effet dissuasif de la peine de mort, comme l’indique le gouvernement. Dans d’autres projets de loi, le gouvernement israélien travaille à l’affaiblissement de la Cour suprême – ainsi, le Parlement devrait à l’avenir pouvoir passer outre les décisions de la Cour, par exemple sur les lois anticonstitutionnelles.