Beaucoup de frustration pour les visas simplifiés

Le gouvernement fédéral veut simplifier l’accueil de parents originaires de la zone du tremblement de terre. Mais dans la pratique, cela coince encore. C’est ce que montre une visite au bureau des visas de Gaziantep, en Turquie.

Un homme complètement exaspéré sort en courant du bureau de l’agence de visas pour se réfugier dans un kiosque voisin. Il doit encore faire des photocopies en vitesse. Puis il repart au pas de course. A travers la porte, on aperçoit différents guichets, des bancs avec des personnes qui attendent et une vue aérienne de Berlin. Entre Gaziantep, Berlin et d’autres villes allemandes, il y a ce qu’on appelle la procédure de visa simplifiée.

Christian Buttkereit

En simplifiant l’octroi de visas, le gouvernement allemand veut aller dans le sens des victimes du tremblement de terre en Turquie. Il en a été question lors de la visite de la ministre allemande de l’Intérieur Nancy Faeser mardi dans la région touchée par le séisme.

Les personnes vivant durablement en Allemagne et ayant de la famille dans la région turque touchée par le tremblement de terre devraient pouvoir faire venir des membres de leur famille proche en Allemagne pour une durée maximale de trois mois, et ce de manière moins bureaucratique. Jusqu’à la visite de Faeser dans la région du tremblement de terre, moins de 100 visas de ce type avaient toutefois été délivrés.

Présenter tous les documents

Elif Mengene aimerait emmener sa mère chez des parents à Mannheim. Elle ne trouve pas si simple tout ce qu’ils doivent présenter. « Au lieu d’attendre huit semaines pour le visa, cela prend maintenant environ une semaine. Sinon, il faut en fait présenter tous les documents qui sont normalement nécessaires ». Il s’agit du formulaire de demande, d’un passeport valide, d’une assurance maladie, d’une photo biométrique, d’une déclaration d’engagement de la personne invitante et d’une attestation du bureau de déclaration de résidence.

Heureusement, leur maison n’a été qu’endommagée et ne s’est pas effondrée, ils ont donc pu sauver leurs documents d’identité. Mais pour l’instant, la mère Fatma ne peut pas s’imaginer vivre à nouveau dans cette maison. « Nous vivons ici dans la peur permanente. C’est pourquoi nous dormons dans la voiture. Nous aimerions aller en Allemagne pour nous reposer un peu psychologiquement ».

Trop court et trop cher

C’est exactement ce que l’Allemagne veut permettre avec la procédure de visa simplifiée. Mustafa Tohum aurait lui aussi besoin de toute urgence de se reposer de la catastrophe. Il est gardien d’un parking situé tout près du centre de visas. Depuis le séisme, il dort avec sa femme et ses enfants sous une tente dans le parc municipal. L’un de ses fils vit à Wiesbaden, théoriquement, lui et sa famille pourraient s’y rendre.

« Mais maintenant, on nous propose d’aller en Allemagne pour 90 jours », raconte-t-il. Mais pour trois mois, tous ces efforts n’en valent pas la peine, ne serait-ce que financièrement. « Comment pourrais-je payer cela ? Je travaille pour le salaire minimum. Rien que les vols, j’ai cinq enfants, nous sommes sept ».

La demande de visa « pas facile du tout

Abidin Gemici dit qu’il a pris un crédit exprès pour aller voir de la famille à Stuttgart. Il attend maintenant dans la voiture avec ses enfants, âgés de trois et huit ans, pendant que sa femme dépose la demande de visa. Il espère que cette fois-ci, ça va marcher.

« On nous dit sans cesse qu’il manque des documents. La sœur cadette et la tante de ma femme vivent là-bas. Mais comme c’est la tante qui a envoyé l’invitation, il y a des problèmes ». Selon Gemici, la famille devrait prouver le lien de parenté. « Mais l’office de la population ici dit qu’ils n’ont pas le droit de délivrer une telle preuve. Cela fait dix jours que nous nous efforçons d’obtenir un visa. Ce n’est pas du tout facile ».