« Aucune garantie que la transaction aura lieu »

Après le compromis du cabinet sur l’accord portuaire avec Cosco, l’armateur chinois se montre prudent : la décision et les conditions doivent encore être examinées. Il n’y a « aucune garantie que la transaction aura lieu ».

La compagnie maritime d’Etat chinoise Cosco a réagi avec réserve aux restrictions imposées par le gouvernement fédéral concernant son entrée dans le capital de l’exploitant d’un terminal dans le port de Hambourg. Elle n’a pas encore reçu la décision et les conditions et doit les examiner, indique-t-elle dans une déclaration publiée.

« La transaction est soumise à la réalisation ou à la renonciation de conditions suspensives. Il n’y a aucune garantie que la transaction aura lieu ou quand elle pourra avoir lieu », avertissent les investisseurs. Cosco a rappelé qu’il avait en fait été convenu avec le groupe logistique HHLA d’acheter 35 pour cent et non pas seulement 24,9 pour cent.

Le cabinet approuve la participation de Cosco dans le terminal du port de Hambourg

Michael Hertle, ARD Berlin, tagesschau 17:00, 26.10.2022

Les ministères voulaient interdire les affaires

Le cabinet fédéral avait auparavant décidé, après des semaines de débats, d’une interdiction dite partielle. Selon cette décision, Cosco ne peut acquérir qu’une part maximale de 24,9 pour cent dans le terminal à conteneurs – au lieu des 35 pour cent prévus. La participation réduite ne prévoit pas non plus de droit à un poste de directeur. Il sera en outre interdit à Cosco de se faire accorder par contrat des droits de veto sur des décisions commerciales ou personnelles stratégiques.

De nombreux ministères étaient toutefois favorables à une interdiction totale de la transaction. Le ministre fédéral de l’économie Robert Habeck ainsi que d’autres ministres fédéraux avaient mis en garde contre de nouvelles dépendances, notamment après l’expérience des livraisons de gaz en provenance de Russie.

Scholz fait rejeter les critiques

Le chancelier allemand Olaf Scholz a fait rejeter les critiques concernant sa décision de faire entrer la Chine dans son capital. Interrogée sur les raisons qui l’ont poussé à passer outre les avertissements des ministères spécialisés, une porte-parole du gouvernement a déclaré que le chancelier avait clairement indiqué qu’il ne s’agissait pas de vendre le port, mais « seulement » de prendre une participation dans un seul terminal.

La participation relativement faible n’ouvrirait pas de possibilités d’influence stratégique à l’entreprise chinoise. Scholz est conscient de la dimension de la décision. Mais une participation de 24,9 pour cent ne crée pas de dépendance stratégique, selon la porte-parole. La décision n’a aucun lien avec le prochain voyage du chancelier en Chine.

« Donner cette autorisation est une erreur », Friedrich Merz, président de la CDU, à propos de la controverse sur la participation chinoise au port de Hambourg

Morgenmagazin, 26.10.2022

HHLA : l’accord de vente sera adapté « en temps voulu

L’entreprise portuaire hambourgeoise HHLA a également rejeté ces critiques. « La coopération entre HHLA et Cosco ne crée pas de dépendance unilatérale », a déclaré la présidente du directoire Angela Titzrath. La HHLA reste une entreprise indépendante cotée en bourse avec la ville hanséatique de Hambourg comme principal actionnaire.

Titzrath a également souligné l’importance économique de la coopération avec Cosco pour son entreprise. L’entrée de l’entreprise chinoise renforce la « capacité d’avenir de HHLA » et garantit des emplois dans le port de Hambourg. Les deux groupes vont maintenant mener des discussions « dans les meilleurs délais » sur une « adaptation correspondante » de leur accord de vente.

Cosco étant une entreprise non européenne, la transaction entre les deux sociétés, lancée il y a un peu plus d’un an, était soumise à une autorisation d’investissement du gouvernement fédéral. Si le cabinet n’avait pas pris sa décision cette semaine, la vente aurait été automatiquement approuvée, comme Cosco et HHLA l’avaient initialement convenu.

La Chine salue la décision du cabinet

Dans une première réaction à la décision, la Chine avait souligné les avantages pour les deux parties et salué le feu vert de Berlin pour l’entrée en jeu. Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a mis en garde dans ce contexte contre des spéculations infondées. Il a ajouté qu’il fallait espérer que la coopération entre l’Allemagne et la Chine soit considérée de manière rationnelle.

Pékin ne cesse de mettre l’accent sur la coopération commune, bien qu’elle se ferme elle-même depuis quelques années et rende l’accès au marché plus difficile pour les entreprises européennes. Parallèlement, la Chine investit massivement dans les infrastructures à l’étranger. Le pays possède déjà ses propres terminaux dans 14 ports européens ou détient des parts dans des opérateurs portuaires.