Manuel Foffo, Marco Prato et la mort à Rome

Le silence parle. Rome, 6 mars 2016, station des carabiniers, au milieu de la nuit. Il fouille dans ses souvenirs et fait ressortir le mal qui s’est infiltré en lui ces derniers jours et ces dernières nuits qui n’étaient pas des jours et des nuits. Il fait le tri, transforme le mal en phrases simples et avoue. Il s’appelle Manuel Foffo, il a 28 ans, il habite au numéro deux de la rue Igino Giordani, et c’est là qu’il a, avec l’autre, tué un garçon.

Comment s’appelle le garçon ? demande le procureur.
« Je ne sais pas ».
Comment l’avez-vous tué ?
« Avec des couteaux et un marteau ».
Quand ? Combien de temps ?
« Ça a duré longtemps, c’est le pire, parce que ça a … … donc, il a beaucoup souffert ».

Le procureur s’interroge également sur le pourquoi. Manuel Foffo dit que lui et l’éblouissant ont conclu un pacte. Un pacte sans paroles. De manière tacite. Ils se seraient mis d’accord pour faire le mal. Ils voulaient savoir ce qu’il en était vraiment. Comment cela se sentait. Ils ont fantasmé et décidé que quelqu’un devait souffrir et mourir. Puis ils l’ont fait.

Pendant que le silence parle, l’éblouissant tente de mettre fin à ses jours dans une chambre d’hôtel.

Marco Prato, 29 ans, cheveux épais, yeux sombres, aime la nuit. Il organise des fêtes, fait la fête de manière élégante, sauvage, escalade, se drogue, pose pour des photos, joue avec les regards, exagère, séduit. Il sait comment il agit, connaît son pouvoir. Et si un regard ou un geste ne suffisent pas, il utilise le pouvoir de manipulation des mots. Il a étudié les sciences politiques à Rome et le marketing et la gestion d’événements à Paris, parle couramment le français, travaille comme responsable des relations publiques. Il est supérieur à ses pairs dans presque toutes les conversations, désarme qui il veut et quand il veut, jouit et gagne, c’est ainsi qu’il est décrit par les autres. Une amie dira plus tard de lui que Prato ne connaît pas de limites, qu’il n’accepte pas le mot « non ». Mais derrière son narcissisme, il cache la douleur.

Prato brille jusqu’à ce qu’il éblouisse. Sur Facebook, il se montre torse nu, avec des lunettes en forme de cœur, devant un paon. Il poste deux photos, l’une souriante, l’autre sérieuse. Il écrit à côté : « To be bipolar ». Sur l’application de rencontres Tinder, il a créé un profil en tant que femme. Prato a déjà été en couple avec une présentatrice et actrice connue, mais il se définit lui-même comme homosexuel. Sur les photos de profil de ses contacts Whatsapp et dans sa galerie de photos, les visages les plus beaux et les plus célèbres de l’industrie du divertissement brillent. Pour eux et, s’il le faut, pour des invités moins beaux mais payants, il organise des événements. De plus, il organise un aperitivo populaire dans la communauté LGBTQ, des cocktails, des snacks, l’anticipation de la fête. Seuls ses amis les plus proches connaissent sa plus grande passion : Marco Prato veut séduire les hommes hétérosexuels.

Via Igino Giordani, il s’est passé quelque chose qui semble extraordinairement cruel, même pour les Romains.

Policia Roma Italia

Son père, Ledo Prato, est ce que l’on appelle en Italie avec exubérance un « grande intellettuale », un enseignant érudit qui a dirigé le ministère de la Culture