Commentaire sur la Saint-Sylvestre de Christopher Lauer : Halte à la terreur des pétards

L’auteur invité Christopher Lauer en a assez : les pétards sont bruyants, dangereux et chaque année, des milliers de personnes se blessent à cause d’eux.

Ceux qui tirent des pétards restreignent la liberté de tous ceux qui veulent vivre un Nouvel An sans pétards et, en cette année d’invasion de l’Ukraine par la Russie, les pétards sont particulièrement de mauvais goût.

Il devrait y avoir quelques feux d’artifice professionnels dans des lieux centraux, estime Lauer.

Cet article est son opinion et transmet son point de vue. Vous trouverez ici d’autres informations sur le sujet.

Tirer des pétards est stupide. Ce n’est pas une entrée en matière très élégante, mais c’est la vérité. Ceux qui pensent que faire exploser des explosifs dans l’obscurité est une activité utile ont raté une sortie importante sur le chemin de l’âge adulte. Je suis fermement convaincu qu’en 2122, les gens regarderont les pétards avec autant d’étonnement que nous regardons aujourd’hui les thérapies médiévales comme la saignée ou le mercure contre les maladies.

Tirer des coups de feu n’est pas l’expression de la liberté, c’est l’expression du fait que l’on n’a pas compris que la liberté personnelle ne va pas plus loin que le point où l’on restreint la liberté d’autres personnes. Et ceux qui tirent des coups de feu restreignent la liberté de tous ceux qui n’ont pas envie de tirer des coups de feu. Et ils sont aujourd’hui très nombreux. Selon un sondage récent, 51 % des personnes interrogées sont favorables à une interdiction générale des pétards.

L’association de protection de l’environnement s’y oppose également, car la pollution par les particules fines et pour les animaux est immense. Le chef de l’ordre des médecins allemands s’est récemment prononcé contre les pétards, car chaque année, des milliers de personnes se blessent, parfois gravement, et des gens meurent régulièrement en allumant des pétards artisanaux. En 2020, nous étions encore sur le balcon à applaudir et à parler d' »aplatir la courbe » ; en 2022, les hôpitaux pour enfants débordent, le personnel médical est sur les dents, mais un peu plus de stress le soir du Nouvel An semble être acceptable.

Même le syndicat de la police est désormais favorable à une interdiction générale des pétards, car les policiers ont eux aussi mieux à faire le soir de la Saint-Sylvestre que de s’occuper d’interventions causées par des pétards ou d’être bombardés de pétards lors d’autres interventions. On ne peut parfois plus sortir de chez soi à Berlin après Noël sans craindre de se faire lancer des pétards depuis un balcon.

Les gens sont censés être déraisonnables, ils sont censés faire des choses stupides, mais les pétards, je ne peux pas les ignorer même si je reste assis dans mon appartement, parce que je les entends. Ces deux dernières années, la liberté de ceux qui n’ont pas envie de tirer des coups de feu a été protégée – pourquoi ne pas en rester là ? Franchement, il est aussi inutile de devoir expliquer tout le temps pourquoi tirer des coups de feu est stupide, alors que ceux qui veulent tirer des coups de feu sont en fait ceux qui doivent justifier pourquoi tirer des coups de feu devrait être autorisé. Mais il n’en ressort rien de plus qu’une conception amibienne de la liberté™ et un sentiment de virilité mal compris. Sigmund Freud se serait amusé à analyser ce qui se passe dans le cerveau d’un homme qui considère comme un acte de virilité le fait de mettre le feu à des bâtons en forme de phallus qui explosent ensuite.

Ma grand-tante, née en 1936, supporte elle aussi très mal les pétards, les nuits de bombes dans la cave faisant partie de ses premiers souvenirs d’enfance, qui refont surface à chaque Nouvel An. Mais les réfugiés des régions en guerre risquent également d’être traumatisés par les détonations. En cette année d’invasion de l’Ukraine par la Russie, les pétards sont particulièrement de mauvais goût.

Il est difficile de supporter qu’ici, à la Saint-Sylvestre ou même avant, des Klaus-Dieters ivres terrorisent leur voisinage avec des pétards et prennent cela pour de la liberté, alors que de courageux Ukrainiens tentent, au péril de leur vie, de libérer des villes comme Donetsk, qui est à peu près aussi éloignée de Berlin que Madrid, de l’occupation russe.

Les Allemands ont dépensé 137 millions d’euros en 2018 et 2019 pour des pétards. Comment expliquer aux Ukrainiens, qui devront passer cet hiver en partie sans électricité, sans chauffage et sans eau courante, que certains Allemands estiment devoir littéralement brûler leur argent cette année ?

Sans parler de l’aide humanitaire qui pourrait être apportée aux Ukrainiens si l’on renonçait aux pétards et si l’on dépensait plutôt l’argent pour des choses utiles.

Pour la réconciliation, le compromis pour la fin : même moi, je n’ai rien contre la pyrotechnie professionnelle. Rien ne s’oppose à ce que des feux d’artifice professionnels soient tirés par des pyrotechniciens qualifiés dans des lieux centraux, afin que ceux qui ont besoin d’un peu de feux d’artifice pour la nouvelle année en aient pour leur argent. Mais pour protéger la liberté, les pétards doivent appartenir au passé.

Christopher Lauer, homme politique et journaliste, a été membre du Parti pirate de 2009 à 2014. Après un bref arrêt au SPD, il est désormais membre des Verts. De 2011 à 2016, il a été membre de la Chambre des représentants de Berlin. En outre, il a travaillé en 2015 comme conseiller en sécurité des données auprès de la maison d’édition Axel Springer, dont fait partie Business Insider.

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