Un Germano-Iranien condamné à mort

Pendant des mois, un germano-iranien emprisonné à Téhéran a été jugé. Djamshid Sharmahd a désormais été condamné à mort. Les défenseurs des droits de l’homme critiquent la procédure. La ministre des Affaires étrangères Baerbock a qualifié le verdict d' »absolument inacceptable ».

L’Iranien d’origine allemande Djamshid Sharmahd a été condamné à mort en Iran lors d’un procès controversé. Un tribunal révolutionnaire de Téhéran accuse notamment cet homme de 67 ans d’avoir commis un attentat terroriste, a indiqué le portail de justice Misan. Le jugement peut faire l’objet d’un appel devant la Cour suprême.

« L’Iran ne reconnaît pas la double nationalité », Katharina Willinger, ARD Istanbul, à propos de la condamnation à mort d’un germano-iranien

tagesschau24 12:00 heures, 21.2.2023

2020, Sharmahd a été arrêté à Dubaï

L’activiste Sharmahd aurait été arrêté par les services de renseignement iraniens à Dubaï durant l’été 2020 et emmené en Iran. Depuis, il est détenu à Téhéran.

Auparavant, Sharmahd a vécu pendant des années aux États-Unis. Sa famille et les groupes de défense des droits de l’homme ont rejeté les accusations portées contre lui dans le passé. Aux Etats-Unis, Sharmahd s’est engagé dans le groupe d’opposition en exil « Tondar » (Tonnerre), qui milite pour le retour de la monarchie.

La justice iranienne reproche à cet homme de 67 ans d’avoir participé à un attentat contre une mosquée de la ville de Chiraz, dans le sud de l’Iran, en avril 2008, qui a fait 14 morts. Il aurait également été en contact avec des agents du FBI et de la CIA et aurait tenté d’établir des contacts avec les services secrets israéliens, le Mossad.

Sharmahd a également participé à un programme radio du groupe en exil en tant qu’ingénieur et expert en informatique. Sur le site web du groupe, qui a depuis été supprimé mais qui peut être consulté sous forme d’archives, on pouvait lire en 2019 que l’émission de radio diffusait des contenus sur la politique, l’histoire, mais aussi des instructions sur la résistance. Le groupe « Tondar » y dénonçait la persécution de ses membres par la République islamique.

Baerbock : « Absolument inacceptable ».

La ministre fédérale des Affaires étrangères Annalena Baerbock (Verts) a qualifié la condamnation à mort d' »absolument inacceptable ». « Non seulement la peine de mort est cruelle, inhumaine et dégradante, mais Sharmahd n’a à aucun moment eu droit à un début de procès équitable », a déclaré Mme Baerbock dans une déclaration. Dans le même temps, la ministre a annoncé que l’application de la peine de mort « entraînerait une réaction claire ».

Merz voulait être parrainé politiquement

Le chef de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) Friedrich Merz avait annoncé début janvier son intention de parrainer politiquement Sharmahd. « Avec mon parrainage, je veux donner un signal à tous les hommes et femmes qui luttent en Iran pour une vie libre et autodéterminée », pouvait-on lire sur le compte Twitter de Merz. « Le monde regarde ce qui se passe en Iran ».

Il n’est pas clair si Sharmahd peut obtenir une assistance consulaire de l’ambassade allemande à Téhéran. L’Iran traite les doubles nationaux comme des Iraniens sur le plan juridique. Amnesty International avait par le passé qualifié le procès de simulacre.

Une députée du FDP demande des sanctions plus sévères

Plusieurs citoyens européens sont actuellement détenus en Iran, nombre d’entre eux possédant également la nationalité iranienne. Les critiques accusent l’Iran de détenir des citoyens étrangers comme otages politiques. Téhéran rejette ces accusations et justifie habituellement les arrestations par des accusations d’espionnage.

La présidente de la commission des droits de l’homme du Bundestag, Renata Alt (FDP), a elle aussi vivement critiqué la condamnation à mort de Sharmahd. « La condamnation à mort de Sharmahd montre une fois de plus à quel point la justice iranienne est grossière et inhumaine. Sharmahd est innocent et doit être immédiatement acquitté », a exigé Alt. « Cette politique inhumaine du régime des mollahs montre à quel point il est urgent de prendre des sanctions supplémentaires et plus sévères contre l’Iran », a-t-elle ajouté.