Un compromis sauve l’alliance de l’opposition

Vendredi, l’alliance de l’opposition turque contre le président Erdogan a éclaté en raison d’une dispute sur un candidat commun. Les six partis ont désormais trouvé un compromis avec lequel tous peuvent vivre.

Quelques jours après une scission, la coalition d’opposition turque au président Recep Tayyip Erdogan est pour l’instant réunie. Meral Aksener, la présidente du parti national-conservateur Iyi, a participé de manière inattendue à une réunion avec cinq autres partis à Ankara, bien qu’elle ait mis fin à la collaboration la semaine dernière. Des applaudissements ont retenti lorsqu’elle s’est présentée à la réunion.

Élections turques : l’opposition s’accorde sur un candidat à la présidence

Markus Rosch, ARD Istanbul, tagesthemen 22h15, 6.3.2023

Aksener fait référence aux sondages

La raison de la dispute de la semaine dernière était la question de savoir qui devait se présenter contre Erdogan lors de l’élection présidentielle prévue le 14 mai. Le principal parti d’opposition, le CHP, voulait présenter son chef de parti, Kemal Kilicdaroglu, et était soutenu par quatre petits partis. Aksener a clairement indiqué qu’elle ne soutenait pas cette démarche, estimant que le leader de l’opposition avait peu de chances de gagner.

Aksener a déclaré vendredi que la « table des six » n’était plus en mesure de « refléter la volonté du peuple dans ses décisions ». Elle voulait nommer le très populaire maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, ou le maire d’Ankara, Mansur Yavas. Les deux politiciens du CHP obtiennent de meilleurs résultats que le chef de leur parti dans les sondages. Les deux maires ont toutefois été rejetés par les autres partis.

Un compromis apaise les tensions

Selon le parti Iyi, un compromis a été trouvé à la surprise générale : Kilicdaroglu sera présenté comme prévu comme candidat, les deux maires seront nommés vice-présidents en cas de victoire électorale. Le CHP a accepté la proposition d’Aksener. Dans la soirée, Kilicdaroglu a été officiellement désigné comme candidat de l’opposition. « Notre plus grand objectif est d’amener la Turquie à la prospérité, à la paix et à la joie », a déclaré l’homme de 74 ans devant des milliers de partisans après sa désignation. L’alliance ne veut pas seulement remplacer Erdogan, mais aussi abolir le système présidentiel qu’il a imposé en 2017 et le remplacer par une république parlementaire.

Aksener est une opposante de premier plan en Turquie. Son départ de l’alliance avait suscité un grand émoi. Elle a surtout été critiquée pour la virulence de ses déclarations. Elle avait par exemple déclaré que le choix entre Erdogan et Kilicdaroglu était « entre la mort et la malaria ». Il n’est pas encore clair dans quelle mesure cette dispute a porté un préjudice durable à l’alliance.

Outre le CHP et le parti nationaliste Iyi d’Aksener, l’alliance comprend le Parti du bonheur conservateur de Temel Karamollaoglu, le Parti démocratique de Gültekin Uysal, le Parti du progrès de l’ancien ministre de l’économie Ali Babacan et le Parti du futur de l’ancien chef du gouvernement d’Erdogan Ahmet Davutoglu. Le parti prokurde HDP, deuxième parti d’opposition au Parlement, n’y participe pas. Il est menacé de dissolution car le gouvernement lui reproche ses liens avec des groupes extrémistes kurdes interdits.

Erdogan pris au piège

Les élections législatives et présidentielles sont considérées comme un test pour Erdogan, au pouvoir depuis 20 ans. Les sondages indiquent une course serrée pour lui et son parti islamo-conservateur AKP.

Le pays est confronté à une inflation massive et à un taux de chômage élevé. En outre, Erdogan et son gouvernement font l’objet de critiques massives après les tremblements de terre dévastateurs survenus il y a un peu plus d’un mois : on leur reproche une gestion de crise insuffisante et trop lente.