Tensions croissantes en Moldavie

En Moldavie, les inquiétudes grandissent quant au fait que le pays pourrait être entraîné dans la guerre russe contre l’Ukraine. Les soldats russes stationnés dans la région sécessionniste de Transnistrie pourraient y jouer un rôle.

Des milliers de manifestants ont réclamé mardi à Chisinau, la capitale moldave, la démission de la chef de l’Etat Maia Sandu. C’était déjà la deuxième fois en deux semaines que le parti d’opposition prorusse Shor parvenait à mobiliser autant de monde. Ils ont demandé au gouvernement pro-occidental de faire baisser les prix de l’énergie grâce à des subventions et de tenir leur pays à l’écart de la guerre en Ukraine voisine.

Stephan Laack

Crainte d’être impliqué dans la guerre

La crainte d’une implication de l’ancienne république soviétique de Moldavie dans la guerre augmente ces derniers temps, notamment parce que la Russie accuse actuellement presque quotidiennement l’Ukraine de vouloir mener une provocation militaire dans la région sécessionniste de Transnistrie. La République autoproclamée de Moldavie orientale est frontalière de l’Ukraine.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a averti en début de semaine : « La situation en Transnistrie est bien sûr l’objet de notre plus grande attention et constitue un motif d’inquiétude. La situation troublée est attisée de l’extérieur. Nous savons que nos opposants au sein du régime de Kiev et dans les pays européens sont capables de provocations diverses. Nous le savons parfaitement et nous en sommes conscients ».

Des soldats russes en Transnistrie

La Russie a déployé des soldats dans la région de Transnistrie qui s’est séparée de la Moldavie. Le ministère russe des Affaires étrangères avait récemment clairement indiqué que toute attaque contre les troupes qui s’y trouvent serait considérée comme une attaque contre la Fédération de Russie. L’avertissement s’adressait aussi explicitement aux Etats-Unis et aux autres pays membres de l’OTAN.

La République de Moldavie a toujours rejeté les accusations russes selon lesquelles l’Ukraine prévoit d’agir militairement contre la république sécessionniste. Il n’existe aucune menace pour la sécurité militaire de la Transnistrie, a déclaré le ministère de la Défense à Chisinau. La Moldavie a de son côté accusé la Russie de vouloir renverser le gouvernement pro-occidental, ce qui a été immédiatement démenti par Moscou.

Mise en garde contre une intervention militaire

Dans ce mélange des genres, l’ancien président moldave Igor Dodon, connu pour ses positions favorables à la Russie, enflamme la situation en reprenant les accusations russes et en mettant en garde l’Ukraine contre une intervention militaire en Transnistrie : « Une situation très, très dangereuse est apparue dans la région et en Transnistrie. Vous voyez les déclarations des Ukrainiens, les déclarations de Maia Sandu, vous voyez d’autres déclarations. Je voudrais m’adresser directement à nos voisins ukrainiens. Ils sont nos frères. Nous n’avons pas besoin de votre aide en Transnistrie. Occupez-vous de vos propres problèmes ».

Kiev craint une attaque de la Russie

L’Ukraine craint que la Russie ne cherche un prétexte pour attaquer avec les troupes qui y sont stationnées. Même si l’on estime que seuls quelque 3000 soldats russes sont stationnés en Transnistrie et qu’ils ne disposeraient pas d’armes lourdes. Il n’existe toutefois pas de données fiables à l’heure actuelle.

Depuis la frontière sud de la Transnistrie, il n’y a pas cent kilomètres jusqu’à la ville portuaire ukrainienne d’Odessa. A la télévision ukrainienne, Andriy Demchenko, le porte-parole du Service national des frontières de l’Ukraine, a déclaré : « Nous comprenons la trahison de l’ennemi, nous comprenons que des provocations peuvent être créées à tout moment. Nous sommes donc prêts à faire face à toutes les menaces – quelle que soit leur provenance – même si quelque chose devait arriver depuis la Transnistrie.

Face à la montée des tensions dans la région, la compagnie aérienne hongroise Wizz Air a annoncé qu’elle ne desservirait plus l’aéroport moldave de Chisinau à partir du 14 mars.