Pourquoi le Mali suscite-t-il à nouveau la controverse ?

Le gouvernement allemand veut prolonger une nouvelle fois le mandat au Mali jusqu’en mai 2024 et ne le retirer qu’ensuite. Jusqu’à présent, cette décision était soutenue par une large majorité. Mais celle-ci commence à s’effriter.

En novembre dernier, le chancelier allemand Olaf Scholz, la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock et la ministre de la Défense de l’époque, Christine Lambrecht, ont trouvé un compromis : Le mandat de la Bundeswehr au Mali doit être prolongé d’un an, jusqu’en mai 2024 – ensuite, ce sera la fin.

Uli Hauck

Cette feuille de route reste valable, indique-t-on au ministère de la Défense. Le gouvernement fédéral a décidé de mettre fin à la participation allemande à la MINUSMA. « Nous sommes actuellement dans le processus de planification du mandat structuré de fin de mission », a déclaré une porte-parole.

Doutes au Bundestag

Pour ce mandat de fin de mandat, le gouvernement a toutefois besoin de l’accord du Bundestag. Et là, les doutes grandissent. Car les politiciens allemands n’ont pas manqué de s’étonner lorsque la junte militaire malienne s’est ouvertement rangée aux côtés de la Russie lors des Nations unies à New York vendredi dernier.

Auparavant, le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov s’était rendu à Bamako, la capitale malienne, et avait usé de son influence. Les dirigeants militaires là-bas misent sur les armes russes et les mercenaires russes de Wagner et moins sur les quelque 1200 soldats de la Bundeswehr.

Joe Weingarten, membre du SPD chargé de la politique de défense, remet en question le sens de la plus grande mission à l’étranger de la Bundeswehr. Il est favorable à un retrait plus précoce. « Le vote du Mali est une facette, mais d’autres choses me dérangent davantage. Le gouvernement malien adopte une attitude très peu coopérative vis-à-vis de nos soldats. Fondamentalement, j’ai des doutes sur le fait d’approuver une mission dont ni le mandat ni les moyens disponibles n’ont été définitivement clarifiés ».

Kiesewetter : « Plus aucune justification du tout »

Jusqu’à présent, le SPD, le FDP et les Verts, mais aussi la CDU/CSU, ont soutenu l’intervention au Mali. Mais la large majorité au Bundestag s’effrite. La CDU et la CSU demandent dans une motion le retrait d’ici la fin de l’année. Le député CDU Roderich Kiesewetter cite plusieurs raisons à cela : Le Mali est soutenu par la Russie et soutient la Russie. De plus, les troupes allemandes seraient limitées dans leur capacité d’action sur place. « Les soldats allemands ne voient plus le sens de leurs activités, car il n’y a plus du tout de justification pour le but de l’engagement ».

Quitter le Mali de manière ordonnée d’ici la fin de l’année et non pas en mai 2024 : le politicien de la défense du SPD Weingarten estime que la proposition de l’Union est viable. « Je suis également conscient que nous ne pouvons pas nous retirer précipitamment. Ce n’est pas possible pour des raisons logistiques et de sécurité. Mais si nous pouvions nous mettre d’accord sur un retrait cette année, je pense que ce serait une solution raisonnable ».

Le gouvernement maintient-il sa ligne de conduite ?

Mais de nombreux responsables de la politique étrangère de l’Ampel, comme Nils Schmid, membre du parti SPD de Weingarten, sont favorables – malgré les conditions difficiles – à la prolongation de la mission de l’armée allemande auprès de l’ONU jusqu’en mai 2024 : « Au sein de la coalition gouvernementale, il y a des responsables de la politique de défense qui sont très sceptiques quant au mandat de la MINUSMA. Car la liberté de mouvement des soldats de la MINUSMA a toujours été limitée. Mais la ligne est et reste claire, le chancelier, la ministre des Affaires étrangères Baerbock, à l’époque la ministre de la Défense Lambrecht, se sont mis d’accord politiquement et nous devrions maintenant l’appliquer ainsi ».

Le successeur de Lambrecht, Boris Pistorius, avait déclaré fin janvier au « Süddeutsche Zeitung » qu’il n’y avait « absolument aucun sens » à rester au Mali jusqu’en mai 2024 dans les conditions actuelles. Ce serait « une perte d’argent et de temps ». L’intervention au Mali reste donc controversée, même au sein du gouvernement.