Pas de nouvelle enquête dans l’affaire Jalloh

Le demandeur d’asile Oury Jalloh est mort en 2005 suite à un incendie dans une cellule de police à Dessau. Malgré le soupçon d’un acte intentionnel, l’enquête a été classée. La Cour constitutionnelle fédérale vient de décider que cela n’était pas anticonstitutionnel.

Ce fut un parcours juridique de plusieurs années à travers de nombreuses instances : le cas d’Oury Jalloh. Fuyant la guerre civile en Sierra Leone, le demandeur d’asile est mort en 2005 dans une cellule de garde à vue dans le sous-sol d’un commissariat de police à Dessau. La version de la police a rapidement été mise en doute : Oury Jalloh serait mort à la suite d’un incendie dans sa cellule, qu’il aurait lui-même déclenché. Et ce, bien qu’il ait été menotté aux mains et aux pieds et qu’il ait été allongé sur un matelas ignifugé.

Après des acquittements initiaux, l’affaire est allée jusqu’à la Cour fédérale de justice. Par la suite, un policier de Dessau a été condamné pour homicide par négligence. Des enquêteurs spéciaux du parlement du Land de Saxe-Anhalt ont certes constaté un comportement illégal de la police de Dessau, mais n’ont pas trouvé d’éléments permettant d’enquêter sur d’autres fonctionnaires pour homicide. Pourtant, le soupçon d’un acte intentionnel, voire d’un meurtre, persistait depuis des années.

Le doute persiste : Plusieurs expertises dans l’affaire Jalloh

Ce soupçon est alimenté par plusieurs expertises. Une expertise d’un médecin légiste de l’université de Francfort conclut qu’Oury Jalloh a été gravement maltraité avant sa mort. Une expertise d’incendie indique l’utilisation présumée d’accélérateurs de feu dans la cellule. Une autre a révélé que la porte de la cellule de Dessau était probablement ouverte pendant l’incendie et non pas fermée à clé, comme l’avait affirmé la police.

Le frère de Jalloh porte plainte contre l’abandon de l’enquête

En 2014, de nouvelles enquêtes ont été menées, mais elles ont été abandonnées. Le frère d’Oury Jalloh avait porté plainte contre cette décision devant la Cour constitutionnelle fédérale. Mais sans succès. Le tribunal dit : certes, le frère d’Oury Jalloh a droit à une poursuite pénale effective. La suspension de l’enquête n’est cependant pas anticonstitutionnelle. Le tribunal régional supérieur compétent de Naumburg n’a pas commis d’erreur lors de l’examen de l’enquête. Il n’a pas exagéré les exigences en matière de soupçon d’homicide volontaire. En outre, le frère d’Oury Jalloh n’a pas suffisamment expliqué quels fonctionnaires de police auraient mis le feu et sur la base de quels moyens de preuve il serait possible d’en apporter la preuve.

Selon les médias, les proches d’Oury Jalloh prévoient de porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme.