Leopoldina demande plus d’ambition pour la protection du climat

Les scientifiques pressent la coalition « feux de signalisation » de faire plus d’efforts pour un tournant énergétique. Ils recommandent des stratégies ouvertes à la technologie et exhortent à plus de rapidité dans la mise en œuvre, dans l’intérêt de la protection du climat.

L’Académie nationale des sciences Leopoldina s’est adressée au gouvernement fédéral avec un document de discussion. Dans ce document, les scientifiques insistent sur la nécessité d’agir rapidement pour transformer l’approvisionnement énergétique.

Il ne reste plus beaucoup de temps pour atteindre les objectifs climatiques de Paris, peut-on lire dans ce document intitulé « Ne pas manquer le moment critique ». Des chercheurs comme l’économiste climatique Ottmar Edenhofer et Veronika Grimm, qui fait partie des cinq sages économiques, recommandent surtout pour l’avenir des stratégies ouvertes à la technologie afin de créer des incitations aux investissements.

Veronika Grimm, Université d’Erlangen-Nuremberg, à propos du document de discussion de la Leopoldina

tagesschau24 15:30, 6.3.2023

Selon le Spiegel, la publication du document était initialement prévue pour un sommet sur la recherche à la fin du mois. Elle aurait été avancée afin de pouvoir atteindre les responsables du gouvernement fédéral à temps pour leur réunion à huis clos au château de Meseberg.

Un avenir avec l’hydrogène

« La nécessité d’agir est grande et urgente », peut-on lire dans le document qui esquisse des idées directrices pour un changement climatique international, européen et national. Un système énergétique futur basé sur les énergies renouvelables reposera donc en grande partie sur l’électricité, écrivent les experts.

L’un des défis est que le rendement énergétique du soleil, du vent et de l’eau varie constamment. Or, l’énergie électrique ne peut pas être stockée en quantité suffisante, même si l’efficacité des batteries de stockage ne cesse de s’améliorer.

C’est pourquoi les sources d’énergie matérielles joueront un rôle central à l’avenir, en particulier l’hydrogène. Jusqu’à ce que la technologie soit prête, il faudra recourir de manière transitoire à des sources d’énergie fossiles comme le gaz naturel.

Il s’agit maintenant d’intensifier et d’élargir considérablement les efforts et de créer les conditions d’une transformation réussie par des décisions cohérentes au niveau national et européen.

Deux phases de la politique climatique

Du point de vue des chercheurs, l’objectif de neutralité climatique marque l’entrée dans une nouvelle phase de la politique climatique mondiale. La première phase, qui n’est pas encore achevée, consiste à réduire drastiquement les émissions des systèmes énergétiques nationaux en utilisant des techniques d’évitement, comme le fait de pousser le charbon hors du secteur de l’électricité.

La deuxième phase, qui doit maintenant être poursuivie, décrit le processus d’élimination des émissions. Il s’agit d’extraire de l’atmosphère les émissions qui ne peuvent pas être évitées ou qui sont difficilement évitables. Sans ce prélèvement de carbone, il ne sera pas possible d’atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici le milieu du siècle, ni de produire des carburants synthétiques (e-fuels) de manière durable, explique-t-on.

Créer des incitations pour les investissements privés

Les stratégies de transformation nécessaires devraient, selon les auteurs, être aussi ouvertes que possible aux technologies. Cela rendrait les investissements privés dans la transformation plus attrayants. La clarification des conditions-cadres pour de tels investissements est particulièrement importante. Leur fiabilité doit également être garantie.

Il est également recommandé d’intégrer toutes les autres disciplines scientifiques dans le processus, en plus des sciences techniques. Ainsi, les sciences économiques, sociales, comportementales et politiques seraient davantage nécessaires à la réussite de la transition énergétique. Les scientifiques déplorent dans ces domaines de grandes lacunes de recherche dans l’identification de mesures politiques concrètes et d’interactions.

En outre, il faudrait s’éloigner des mesures protectionnistes de protection du climat au niveau européen. Il est bien plus important d’approfondir les coopérations au sein de l’UE et avec les pays tiers. Les chercheurs identifient l’échange de quotas d’émission européen comme un outil important à cet effet, qui devrait être développé en un « cadre de contrôle uniforme, transparent, viable à long terme et englobant toutes les émissions ».