L’Allemagne veut acheter des « Léopard 2 » suisses

L’Allemagne veut racheter à la Suisse de vieux chars « Leopard 2 ». Cela doit permettre de reconstituer le stock de l’armée allemande après les livraisons d’armes à l’Ukraine. Mais les règles sont strictes en Suisse.

Après la cession de chars à l’Ukraine, il y a de grands vides dans l’armée allemande. Pour les combler, l’Allemagne veut racheter à la Suisse des chars de combat « Leopard 2 » déclassés. Le ministre de la Défense Boris Pistorius et le ministre de l’Economie Robert Habeck ont écrit le 23 février à la ministre suisse de la Défense Viola Amherd pour lui demander de « donner son accord » à la reprise de « chars de combat Leopard 2 » déclassés de l’armée suisse, a indiqué le ministère suisse de la Défense à l’AFP, confirmant ainsi un article du journal suisse « Blick ».

Le gouvernement fédéral a également confirmé la demande. L’Allemagne apprécierait « que la Suisse réfléchisse à la vente de stocks de sa flotte déclassée », a déclaré un porte-parole du ministère de la Défense. Les chars en question sont des modèles datant des années 1980 que l’Allemagne avait vendus à la Suisse. L’entreprise d’armement allemande Rheinmetall doit maintenant les racheter. Le nombre de chars que la Suisse doit céder n’a pas été précisé.

Le Parlement suisse doit donner son accord

L’armée suisse a 134 chars « Leopard 2 » en service ainsi que 96 unités désaffectées. Les chars sont régulièrement testés, mais n’ont pas été modernisés. Les chars stockés n’ont toutefois pas été « mis hors service », a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense. Selon la loi suisse, seul le matériel mis hors service peut être vendu. C’est au Parlement de décider si du matériel doit être mis hors service. Pour l’armée suisse, il est en principe possible de renoncer à un « nombre limité de chars de combat », a expliqué le ministère de la Défense. La condition est que les besoins propres de la Suisse soient couverts.

Dans la plus petite chambre du Parlement, le Conseil des Etats, une telle affaire avec les chars suisses « Leopard 2 » est jugée avec scepticisme. Début février, la commission de la politique de sécurité s’est prononcée par huit voix contre deux contre une initiative parlementaire qui prévoyait de mettre hors service jusqu’à 30 des 96 « chars 87 Leopard » déclassés de l’armée suisse et de les restituer à l’Allemagne. Les opposants ont déclaré que les chars étaient nécessaires en tant que réserve stratégique et stock de pièces de rechange, comme l’a indiqué la commission le 3 février.

Pas de transfert à l’Ukraine

Selon le ministère allemand de la Défense, la Suisse a reçu l’assurance que les chars ne seraient pas envoyés à l’Ukraine. Le maintien des chars « en Allemagne ou chez les partenaires de l’OTAN et de l’UE serait garanti », a-t-on précisé. Les chars y combleraient les lacunes créées par les livraisons à l’Ukraine. En raison du principe de neutralité de la Suisse, le pays ne peut pas livrer d’armes à des pays en guerre.

En Suisse, on discute depuis des mois d’un assouplissement du principe de neutralité. Ce pays non membre de l’UE soutient certes les sanctions imposées par l’Union européenne à la Russie, mais n’autorise pas la transmission de munitions et d’armes suisses à l’Ukraine et ne fournit pas non plus lui-même d’équipements militaires. Plusieurs initiatives visant à assouplir ces règles sont toutefois en discussion au Parlement, mais une décision n’est pas attendue avant plusieurs mois.