Ce qu’il reste de la présidence allemande du G7

Pendant un an, l’Allemagne a été à la tête des pays du G7, et ce en temps de guerre. Qu’en ont fait le chancelier Scholz et son gouvernement ? La réponse dépend de qui on interroge.

Il n’est pas surprenant qu’Olaf Scholz considère sa propre gestion de la crise comme un succès. Il s’est lui-même tapé sur l’épaule après la réunion virtuelle du G7 à la mi-décembre, la dernière sous présidence allemande, en déclarant : « C’est notre unité, notre détermination, qui a fait que le président russe se retrouve aujourd’hui tout seul ».

Markus Sambale

Les chefs d’État et de gouvernement se sont rencontrés six fois en 2022 : quatre fois par liaison vidéo, une fois à Bruxelles, plus le sommet du G7 au château d’Elmau en Bavière en été comme point d’orgue. Scholz a loué l’atmosphère informelle du G7, si différente de celle de nombreux autres événements officiels. « On n’a pas beaucoup de réunions où les politiques se rencontrent et lisent ensuite des déclarations ».

Jamais les contacts entre les sept grandes nations industrielles n’ont été aussi intenses que cette année. Et jamais sans doute il n’a été question d’agir aussi rapidement : pour les sanctions contre la Russie et pour l’aide à l’Ukraine. Les pays du G7 ont fait preuve d’unité, promettant à l’Ukraine des milliards de dollars en soutien.


Le logo de la présidence allemande du G7 en 2022 | picture alliance/dpa

G7

Le « Group of Seven » (G7) est une association des sept pays les plus industrialisés. Il comprend l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, le Canada, la France, le Japon et l’Italie. La Commission européenne y participe en tant qu’observateur. La présidence alterne chaque année entre les États membres. Elle définit les priorités du groupe, accueille les sommets et les organise, comme la dernière fois en juin à Elmau, en Bavière.

« Pas de leadership »

Mais l’opposition se montre déçue par la présidence allemande du G7. « Une gestion professionnelle : oui. Mais : pas de leadership, pas d’initiatives de l’Allemagne », déclare Johann Wadephul, le vice-président du groupe parlementaire de l’Union, dans un entretien avec le Studio de la capitale de l’ARD de manière critique. Un chancelier « sans stratégie, sans concepts » – c’est ce que lui reproche le politicien de la CDU.

Wadephul estime que Scholz aurait dû s’opposer avec encore plus de détermination à l’agression russe. Organiser une conférence, comme l’ont fait les Etats-Unis à Ramstein, pour coordonner les livraisons d’armes à l’Ukraine – c’est ce qui aurait dû être la tâche de l’Allemagne, selon le politicien de la CDU.

Wadephul est plus bienveillant en ce qui concerne le rôle de la ministre des Affaires étrangères Baerbock. Elle critique ouvertement les Etats autoritaires comme la Russie et la Chine. Il voit toutefois Baerbock comme une « ministre des Affaires étrangères inhibée » : « Elle voulait plus, le chancelier fédéral ne l’a clairement pas permis ».

La protection du climat reléguée au second plan

Le Parti de gauche (Linkspartei) au Bundestag critique également le gouvernement fédéral – même si c’est d’un tout autre point de vue : la chef du groupe parlementaire Amira Mohamed Ali reproche au gouvernement fédéral d’avoir trop peu misé sur la médiation et la diplomatie pendant sa présidence du G7. Mohamed Ali critique le fait que, alors que le chancelier Scholz s’est efforcé, au moins dans un premier temps, de favoriser la désescalade, la ministre des Affaires étrangères Baerbock a misé sur la confrontation avec des États comme la Chine.

La protection du climat devait figurer en tête de l’ordre du jour de la présidence allemande du G7, mais ce thème phare a été relégué au second plan après l’attaque russe contre l’Ukraine. Le chancelier Scholz a tout de même réussi, peu avant la fin de l’année, à créer officiellement le « club climatique » qu’il avait promu : Un groupe d’Etats auquel les pays engagés doivent progressivement adhérer afin de lutter ensemble contre le réchauffement climatique. Il reste toutefois à savoir si des pays importants comme la Chine sont intéressés par ce club.

En fin d’année, le Japon succède à l’Allemagne à la présidence du G7. Les grands thèmes, de la guerre russe à la protection du climat, resteront.