Un ruisseau de montagne creusé : une vive polémique autour de la vallée de Rappenalp – Bavière

Dans la querelle sur la destruction de la vallée de Rappenalp, les paysans d’alpage et la conseillère régionale de l’Oberallgäu, Indra Baier-Müller (Freie Wähler), s’accablent désormais de graves accusations. Dans une interview accordée à la BR, le président de la coopérative d’alpage et hôtelier d’Oberstdorf, Hannes Thaumiller, accuse Baier-Müller de mensonge : « Le fait que la Landrätin déforme désormais les faits en public de cette manière et s’empêtre dans ses mensonges, les dommages qui en ont résulté pour l’ensemble de l’économie alpestre, pour notre existence, pour ma famille et pour moi, cela ne peut pas être réparé ».

Baier-Müller a répliqué : « Une enquête pénale est en cours contre Thaumiller pour mise en danger de zones à protéger. Dans une telle situation, il n’est pas indiqué de jeter de l’huile sur le feu par le biais de la presse ». D’autant plus que Thaumiller lui-même « a dit des contre-vérités à plusieurs égards, c’est prouvé ».

La vallée de Rappenalp, au sud d’Oberstdorf, compte parmi les joyaux naturels de la Bavière et est strictement protégée. Après une inondation en août, les paysans alpins ont fait draguer et rectifier le Rappenalpbach qui la traverse, si bien qu’il ne reste presque plus rien de la vallée de montagne originelle et de sa diversité naturelle unique sur 1,6 kilomètre.

L’association Bund Naturschutz, qui a découvert ce crime contre la nature, parle des pires destructions dans une réserve naturelle depuis de nombreuses années. L’affaire est d’autant plus grave que la vallée de Rappenalp bénéficie d’une protection maximale en vertu du droit allemand et européen. Dès le début, le Landratsamt a affirmé que des mesures de construction de cette ampleur n’avaient pas été autorisées et n’auraient jamais pu l’être. Selon les informations fournies par le Landratsamt, seules des mesures mineures avaient été discutées et approuvées.

Dans l’interview, Thaumiller contredit fermement les autorités du district et renvoie à une note qu’elles ont rédigée après une visite des dégâts causés par les inondations en août. On s’y serait mis d’accord sur la réparation des dégâts, et les alpagistes auraient pris cette note pour une autorisation de travaux ultérieurs. « Pour nous, c’était un permis de construire », dit-il. En outre, Thaumiller explique qu’aucun contrôle des travaux n’a eu lieu de la part du Landratsamt. Thaumiller se dit « choqué ». Il dit qu’il exerce une fonction honorifique. « Je vais au Landratsamt. Ils prennent une mauvaise décision. Et je suis ensuite présenté comme un criminel ».

Du point de vue du Landratsamt, ce sont des « affirmations de protection ». Thaumiller aurait déjà reconnu lui-même, fin octobre, lors d’une visite de ce crime contre la nature en présence de nombreux représentants des autorités, avoir aménagé le Rappenalpbach au-delà de ce qui avait été convenu avec les offices. La position de la Landrätin Baier-Müller est renforcée par une première décision de justice. Début décembre, le tribunal administratif d’Augsbourg a rejeté une demande urgente des alpagistes contre l’ordre de rétablir la protection contre les crues de l’Alpbach et de mesurer les dégâts dans la réserve naturelle. La décision, qui a Süddeutsche Zeitung comporte 38 pages et traite en détail de la nature des travaux et de la question de savoir s’ils étaient autorisés ou auraient pu l’être.

La conclusion des juges est sans équivoque. Les mesures de construction constituent « indubitablement un aménagement de cours d’eau soumis à autorisation, qui (…) nécessite l’approbation des plans par l’autorité compétente », peut-on lire dans la décision. La procédure à cet effet, extrêmement complexe, n’a « manifestement pas été menée ». La conclusion des juges : contrairement à l’avis de Thaumiller, la note à laquelle il se réfère n’est pas une autorisation des mesures de construction réalisées et ne peut pas non plus être comprise ultérieurement comme telle. Thaumiller ne veut pas accepter cette décision. Ses avocats ont déposé un recours contre cette décision auprès de la Cour administrative bavaroise.