
Parmi de nombreux enfants de parents dépendants, la peur de l’aide sociale se répand : Ces dernières semaines, les places dans les maisons de retraite médicalisées sont devenues extrêmement chères, souvent de 600 à 1000 euros par mois. Comme d’innombrables résidents des maisons de retraite ne peuvent plus payer les quotes-parts qui ont brusquement augmenté, ils sont de plus en plus nombreux à dépendre de l’aide sociale, comme l’a observé l’association de protection des personnes dépendantes Biva. La crainte que les organismes d’aide sociale récupèrent l’argent de la progéniture est toutefois infondée dans la plupart des cas. Depuis 2020, seule une minorité d’enfants doivent encore payer une pension alimentaire à leurs parents. « Mais cela ne s’est pas encore vraiment su », explique Holger Heinen, avocat spécialisé en droit de la famille à Kleve. Qui peut être amené à verser une pension alimentaire et comment la calculer – un aperçu :
Que dit la loi ?
Les parents en ligne directe sont tenus à l’obligation d’entretien, donc également les enfants vis-à-vis de leurs parents. C’est ce que prévoit l’article 1601 du Code civil allemand (BGB). Depuis 2020, seule une minorité d’enfants doivent encore payer une pension alimentaire à leurs parents. La raison en est la « loi sur le soulagement des proches ». Si les parents doivent demander une « aide aux soins », c’est-à-dire une aide sociale, parce que leur pension et leur patrimoine ne suffisent plus, ce sont d’abord les organismes d’aide sociale qui interviennent. Ils peuvent ensuite récupérer l’argent auprès de leur progéniture – mais uniquement auprès des enfants qui gagnent plus de 100 000 euros bruts par an. Ceux qui se situent en dessous de la limite de 100 000 euros ne peuvent définitivement pas passer à la caisse. « Les inquiétudes concernant une obligation d’entretien sont donc infondées dans la plupart des cas », explique Jörn Hauß, avocat spécialisé en droit de la famille à Duisbourg. Chaque enfant est toutefois libre de subvenir volontairement aux besoins de ses parents.
Qu’est-ce qui compte dans le revenu ?
L’obligation de payer une pension alimentaire pour les parents est liée au seuil de 100 000 euros de revenus. Pour les salariés, c’est le salaire annuel brut qui compte. Mais le revenu total comprend également les revenus de la location et de l’affermage ainsi que les revenus du capital. Ce que gagne le partenaire ne joue en revanche aucun rôle. Celui qui, par exemple, gagne plus de 100 000 euros avec son mari, n’est pas tenu de le faire. Seul le revenu de son propre travail est déterminant. Important : la limite de 100 000 euros ne tient pas compte de la fortune ou du nombre de biens immobiliers que possède un enfant, comme le souligne Hauß. De telles valeurs ne comptent pas comme revenu. Il se peut donc qu’un riche héritier qui gagne peu soit exclu de la pension alimentaire, mais qu’une personne qui gagne beaucoup d’argent doive payer. Cela peut être le cas dès le premier euro au-dessus de la limite.
Comment calcule-t-on ?
Lorsqu’il s’agit de franchir la barre des 100 000 euros, un calcul minutieux s’impose. Les déductions fiscales peuvent aider à faire baisser le revenu. Si l’on a par exemple deux enfants et que l’on gagne 115 000 euros par an, on peut encore se retrouver en dessous du seuil d’entretien après déductions, comme l’explique Hauß. Les postes pour les prêts, les frais de transport liés à l’activité professionnelle, la garde des enfants ou la double tenue du ménage peuvent être compensés. En font également partie, par exemple, la prévoyance vieillesse privée (au maximum cinq pour cent du revenu brut), les dépenses liées à la maladie ou les pensions alimentaires versées aux enfants ou au conjoint, mais pas l’abattement pour enfants. Les revenus provenant d’activités bénévoles et d’emplois secondaires ne doivent pas être pris en compte jusqu’à un certain montant. Heinen conseille aux personnes auxquelles l’organisme d’aide sociale demande de justifier leurs revenus de se faire conseiller par un avocat. Les franchises doivent garantir que personne ne soit ruiné par la pension alimentaire des parents. Certaines associations de consommateurs proposent également des conseils juridiques.
Les services sociaux peuvent-ils simplement frapper à la porte des enfants ?
Non. La « loi sur le soulagement des proches » part du principe que les revenus des enfants ne dépassent pas 100 000 euros. La progéniture n’est donc pas tenue de fournir des informations sur ses revenus. Toutefois, si l’organisme d’aide sociale obtient des informations, par exemple sur Internet, indiquant qu’un enfant gagne beaucoup d’argent, celui-ci doit bien divulguer ses revenus. Si la profession de l’enfant permet de conclure qu’il gagne beaucoup d’argent, comme c’est le cas pour les cadres supérieurs, les membres de conseils d’administration ou les médecins en chef, l’organisme d’aide sociale se manifestera. Il est également possible qu’un pensionnaire d’un foyer doive fournir des informations sur la profession de son enfant. Si la mère ou le père ne peuvent pas donner d’informations, l’office ne peut pas réfuter la présomption de revenu. Important : l’organisme d’aide sociale ne peut exiger une pension alimentaire pour 2022 que lorsqu’il est clair que l’enfant a effectivement dépassé le plafond de revenus de 100 000 euros cette année-là. Et cela n’est possible que lorsque l’avis d’imposition définitif de l’administration fiscale est disponible.
Qu’en est-il des autres membres de la famille ?
Les beaux-enfants ne sont pas concernés par la pension alimentaire pour parents. Ils n’ont aucun lien de parenté avec leurs beaux-parents qui ont besoin de soins et ne sont donc pas tenus de payer. Entre frères et sœurs, les choses se compliquent. Si la mère ou le père ont plusieurs enfants dans le foyer, seule la progéniture qui gagne bien sa vie et qui dépasse le plafond de 100 000 euros doit payer. Il ne doit toutefois pas prendre en charge la part des frères et sœurs, qui est assumée par les services sociaux. L’obligation d’entretien s’oriente donc sur les possibilités financières des enfants. Mais : avant même que les enfants adultes ne soient mis à contribution, les parents sont responsables les uns des autres. L’obligation de se soutenir financièrement mutuellement s’applique lorsque le partenaire nécessitant des soins est placé en maison de retraite alors que l’autre reste à la maison. Il ou elle doit alors participer aux frais de l’établissement, à l’exception d’un patrimoine protégé. La limite de revenu de 100 000 euros n’existe pas pour la mère et le père. Si les deux parents ont quitté la maison, ils doivent également utiliser leur bien immobilier pour les soins, si nécessaire. Si leur argent ne suffit plus, les services sociaux prennent le relais. Actuellement, 40 pour cent des résidents des maisons de retraite bénéficient déjà d’une « aide aux soins ». Selon l’association de protection des personnes dépendantes Biva, cette proportion va bientôt augmenter de manière significative.