La santé mentale, après la guerre pandémique et la crise économique. Ce qui change

D’abord la pandémie, puis la guerre et la crise économique, avec en toile de fond les risques de détérioration de l’environnement. La santé mentale est sous pression, tout comme les services de soins sur lesquels pèsent des retards chroniques d’adaptation aux meilleures normes et une mauvaise organisation. Pour une analyse à grande échelle, des représentants d’une quarantaine de pays se réunissent demain à Rome dans le cadre de l’initiative de l Sommet mondial sur la santé mentale. Une initiative en collaboration avec l’OMS suite à la Journée mondiale de la santé mentale, conçue pour faire avancer le plan d’action exposé à Londres en 2018. L’appel sera lancé pour un plus grand engagement, tant sur le plan politique que dans la société civile.

Le leadership de l’Italie

Le Sommet mondial de la santé mentale s’appuie sur le leadership internationalement reconnu de l’Italie dans les domaines de la santé mentale communautaire et de la désinstitutionnalisation des personnes atteintes de troubles mentaux. Qui sont non seulement fréquentes, mais causent une grande souffrance chez les personnes et constituent l’une des principales causes de handicap dans le monde, représentant 14,6 % de la charge associée à toutes les maladies. « L’événement vise à encourager le développement d’une action globale de la part des gouvernements, des organisations internationales et de la société civile qui s’attaque aux nombreuses difficultés que rencontrent les services de soins de santé mentale dans le monde, sous la pression des récentes crises sanitaires et humanitaires », anticipe Angelo Picardi, psychiatre et psychothérapeute, du Centre Iss de sciences du comportement et de santé mentale, membre du secrétariat scientifique du Global Mental Health Summit.

Dépenses de santé et coûts sociaux

Le fait est que pour répondre aux crises et réussir les efforts de relance économique, la santé mentale est une composante essentielle. L’OMS a récemment estimé que les troubles dépressifs et anxieux coûtent à eux seuls 1 000 milliards de dollars par an à l’économie mondiale. Cependant, dans les différentes nations du monde, la part des dépenses de santé allouée par les gouvernements à la santé mentale est en moyenne inférieure à 2%, et même l’Italie ne s’écarte pas de ces chiffres.

Le nombre de personnes prises en charge est en baisse

Les maigres ressources allouées à la santé mentale rendent extrêmement difficile la mise en place et le maintien de systèmes de soins efficaces, capables d’apporter des réponses adéquates aux besoins des personnes atteintes de troubles mentaux et de leurs familles. Moins de personnes sont prises en charge par les services dédiés à la santé mentale en Italie : on en comptait 164 pour 10 000 résidents adultes en 2019, 143 en 2020, 125 au cours des six premiers mois de 2021, grâce, ces deux dernières années, à la fermeture de certains services temporairement convertis en unités Covid. « Il s’agit d’un phénomène inquiétant, qui suggère que, ces dernières années, les difficultés de notre réseau de services de santé mentale à répondre aux besoins des personnes se sont aggravées », note M. Picardi.

La sortie de la pandémie

Le Centre de Référence pour les Sciences du Comportement et la Santé Mentale de l’Iss, dirigé par Gemma Calamandrei, avec le soutien du Ministère de la Santé, a lancé la mise en place d’un réseau permanent de Départements de Santé Mentale (DSM), un réseau « sentinelle » visant à surveiller en temps utile les besoins sanitaires pour aider les décideurs publics dans leurs choix de planification sanitaire, même au-delà de l’urgence SRAS-CoV-2. Si l’inconfort augmente manifestement, en revanche, les données suggèrent une sortie progressive de l’urgence pandémique, comme l’augmentation des visites psychiatriques et psychologiques entre janvier et juin 2021 et l’augmentation des interventions à distance ou en mode mixte utiles pour maintenir la continuité des soins.