La gloutonnerie à Noël : Une experte nous explique comment nous en protéger

Séduits par les biscuits aux noix, engraissés par les proches : L’experte en nutrition Dagmar von Cramm explique comment nous pouvons nous protéger de la gloutonnerie à Noël. Et ce qui peut nous aider si nous avons tout de même ingurgité plus de nourriture que nous ne le souhaitions.

Madame von Cramm, que pensez-vous des kilos de fête ?
Eh bien, j’essaierais de maintenir la prise de poids dans des limites raisonnables. Car c’est vrai que si l’on ne prend qu’un ou deux kilos chaque année à Noël, cela représente 20 à 40 kilos en 20 ans. Il faut y penser.

Pendant la période de Noël, beaucoup de gens font une pause diététique, ils acceptent les kilos supplémentaires de la fête, pour ensuite reprendre le jeûne …
Des études nous ont appris qu’un tel jeûne n’est pas ce qu’il y a de plus sain, mais je le trouve encore acceptable. Il est bien sûr plus raisonnable d’organiser les fêtes de telle sorte que l’on profite certes, mais que l’on ne s’épuise pas. On finit peut-être par prendre un kilo de plus, mais on le perd en général, par exemple en renonçant aux biscuits en janvier et en buvant peut-être moins d’alcool.

Qu’est-ce que les fluctuations de poids en l’espace de quelques semaines ont sur le corps ?
Eh bien, ce n’est pas comme si le corps se souvenait de quels kilos sont les kilos de Noël et se disait ensuite : « Oh, je vais les perdre en premier ». Ce n’est pas comme ça que ça se passe. Lorsque l’on perd du poids, on élimine certes les cellules graisseuses, mais aussi les cellules musculaires. Le problème est que moins nous avons de masse musculaire, moins nous avons besoin d’énergie. Si nous continuons à manger après le jeûne, comme nous l’avons toujours fait auparavant, c’est déjà trop et nous risquons de reprendre du poids. Ce mécanisme est connu sous le nom d’effet yo-yo.

Mais ce n’est pas facile non plus. Les tentations sont partout. Un coin de noix par-ci, un canard rôti par-là, et puis des proches qui veulent nous engraisser. Pourquoi avons-nous tant de mal à dire non ?
Pour les familles, le repas en commun, la table ronde, est un élément essentiel pour développer un sentiment de « nous », d’appartenance. S’en écarter signifie aussi sortir de cette communauté. La personne qui offre le repas le perçoit parfois comme un rejet et le ressent comme une blessure. Mais comme nous avons particulièrement besoin d’harmonie à Noël, nous essayons de contenter tout le monde, ce qui implique aussi de ne pas dire non.

Les kilos de la fête ou les proches qui s’énervent – cela ressemble à un choix entre la peste et le choléra …
Une bonne façon de procéder est de se parler à l’avance, de prendre des rendez-vous et peut-être même de réfléchir à un mot de passe. On pourrait dire par exemple : « Je ne veux pas manger autant, cela ne me fait pas de bien. Tu peux compter sur le fait que c’est bon, mais ne me force pas, s’il te plaît. Si tu as besoin de moi, je dirai Otto-Otto et tu te souviendras que nous avons un rendez-vous. Comme ça, nous n’aurons plus à en discuter ». De plus, on peut compenser avec les repas où l’on mange de manière autonome. Ainsi, si je sais qu’à midi je suis invité chez mes parents pour manger de l’oie rôtie, je sauterai une fois le petit-déjeuner ou le dîner.

Et comment s’empêcher de piocher dans le bol de biscuits à chaque fois qu’on passe devant ?
Cela commence déjà par le fait de ne pas trop acheter. J’ai toujours cette discussion avec mon mari quand il arrive quand même début décembre avec une bûche de Noël ou des confiseries. Il suffit d’acheter tout cela à Noël. Il n’est pas nécessaire de commencer à les stocker – et à les manger – quatre, six ou même huit semaines avant. De cette manière, les friandises restent aussi quelque chose de spécial.

Malgré toutes nos bonnes résolutions, nous mangeons plus que ce qui nous convient. Pourquoi cela nous arrive-t-il régulièrement ?
Mot-clé : l’effet de satiété. Notre corps n’est pas aussi rapide que notre bouche. De plus, les repas de Noël ne remplissent pas autant l’estomac, car ils ne sont pas aussi riches en fibres. Le chocolat, la pâte d’amande, les biscuits, l’oie, le gratin de pommes de terre ont une densité énergétique folle par gramme. Le temps que le corps s’aperçoive qu’il a mangé la ration journalière, la double portion est déjà dans le ventre. Notre corps n’est pas fait pour ce genre d’aliments concentrés et hautement transformés, nos systèmes d’alerte précoce sont pour ainsi dire défaillants.

Il y a un dicton qui dit : « Je vais exploser » quand on a trop mangé. Cela n’arrive pas vraiment, mais les brûlures d’estomac sont bien présentes. Comment y remédier ?
Les aliments très gras et épicés peuvent provoquer une hyperacidité, qui peut être renforcée par l’alcool. Les brûlures d’estomac ne sont pas graves en soi. Mais si elles sont très pénibles, le sel de Bullrich, par exemple, peut aider. On peut aussi râper une pomme de terre sur une râpe à gros grains et laisser égoutter le râpé sur une passoire. Cela donne environ trois cuillères à soupe de jus de pomme de terre cru. Si on le boit, cela fait vraiment du bien et peut déjà tamponner certaines choses. Une tasse de bouillon de légumes fait maison et pauvre en sel peut également aider.

Je ne connaissais pas encore l’astuce de la pomme de terre, mais j’ai découvert de nombreuses autres recommandations d’action pour la période suivant la fête. Passons-les en revue.

La sieste digestive, bonne ou mauvaise ?
Je le déconseille juste après le repas. Il est toujours bon de rester à la verticale, justement pour lutter contre les brûlures d’estomac.

Est-ce déjà de la publicité pour la traditionnelle promenade après le repas ?
La petite promenade est effectivement bien meilleure que de faire une sieste ou de simplement passer de la table de la salle à manger à celle du salon. La promenade a un effet positif sur le taux de glycémie, qui ne monte alors pas aussi vite, est équilibré. L’exercice physique aide également l’obturateur à l’entrée de l’estomac à faire son travail plus facilement et évite les brûlures d’estomac.

Ne pourrait-on pas boire un petit coup ?
Je ne suis pas contre un petit digestif. Cela a déjà son effet. Certains extraits d’herbes solubles dans l’alcool sont bons et favorisent la digestion. Si l’on en boit deux centilitres, c’est très bien. Mais il doit s’agir d’un amer aux herbes et non d’une liqueur de cerises ou d’un clair. D’ailleurs, on peut aussi boire une tisane.

Le repas de Noël englouti, place au plateau de fromages. Car le fromage ferme l’estomac. N’est-ce pas ?
Je voudrais mettre en garde contre cela. Bien sûr, la graisse ferme l’estomac. Mais j’ai déjà consommé plus qu’assez de graisse avec mes biscuits et le rôti, je n’ai donc pas besoin du fromage. On peut se passer du plateau. Il est plus stimulant et plus sain de manger des fruits, sous forme de salade de fruits par exemple. Les fruits ne sont pas non plus si lourds à porter.

Il m’en reste un : l’espresso.
En principe, on peut le faire. L’espresso réveille un peu, mais il aide plus à se lever de sa chaise pour la promenade qu’à digérer. Cependant, si quelqu’un a des problèmes de brûlures d’estomac, il vaut mieux s’abstenir.

Quel serait donc le repas de Noël idéal pour l’estomac ?
Je trouve qu’une salade de mâche avec des graines de grenade ou même des morceaux d’orange, des cœurs d’artichaut ou de palmier est super en entrée. Si on veut y ajouter un peu de tartare de saumon ou de saumon fumé, c’est bien aussi. Je n’ai rien contre le canard ou l’oie en plat principal. Ils sont certes gras, mais il s’agit de bonne graisse. Comme il s’agit d’oiseaux aquatiques, ils contiennent des acides gras monoinsaturés et polyinsaturés. Un poisson peut aussi faire office de plat principal. Une bonne portion de légumes devrait également être incluse. L’accompagnement doit être le plus léger possible. Le gratin de pommes de terre devrait donc être préparé avec du lait plutôt qu’avec de la crème. Et pour le dessert, j’utiliserais des fruits frais. Une boule de glace peut aussi accompagner le tout.