Özdemir veut limiter la publicité pour la malbouffe

Le ministre de l’Alimentation Özdemir veut interdire à l’avenir les publicités pour les chips, le chocolat et autres snacks malsains destinées aux enfants. Les spots publicitaires ne devraient par exemple être diffusés qu’à certaines heures. L’opposition vient également des feux de signalisation.

Le ministre fédéral de l’Alimentation Cem Özdemir veut interdire en grande partie la publicité pour les aliments malsains afin de protéger les enfants. L’interdiction s’appliquerait aux émissions de télévision et de radio ainsi qu’aux réseaux en ligne comme YouTube de 6 heures du matin à 23 heures le soir, a-t-il déclaré à Berlin.

Les engagements volontaires de l’industrie publicitaire n’ont mené à rien, a déclaré Özdemir. C’est pourquoi il faut maintenant une réglementation stricte. Il a également souligné qu’il ne demandait pas une « interdiction générale de la publicité ». « Mais la publicité ne doit plus s’adresser spécifiquement aux enfants ».

Le ministre de l’Agriculture Özdemir veut interdire la publicité pour les aliments malsains destinée aux enfants

Viktoria Kleber, ARD Berlin, tagesschau 17:00, 27.2.2023

La définition de « s’adressant aux enfants » doit être délibérément « large », a déclaré le ministre : il est ainsi prouvé que les enfants regardent la télévision ou surfent sur Internet entre 6 heures et 23 heures – c’est pourquoi les boissons sucrées ou les en-cas gras et salés ne doivent plus faire l’objet de publicité durant cette période.

Dans ce contexte, le terme « enfants » désigne les moins de 14 ans. La constatation d’une teneur trop élevée en sucre, en graisse ou en sel doit se baser sur les calculs de valeur nutritive de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Özdemir demande également l’interdiction des publicités pour la malbouffe aux abords des écoles et des aires de jeux.

Image : dpa

Özdemir veut également interdire la publicité pour ce type de malbouffe dans les journaux, les magazines et les brochures, si elle s’adresse manifestement aux enfants de par sa présentation. En outre, il ne doit pas y avoir de publicité extérieure à moins de 100 mètres des écoles, des crèches, des aires de jeux ou d’autres centres de loisirs pour enfants, ni de sponsoring. Le tout doit être contrôlé par les autorités de surveillance du marché des Länder.

Les louanges des experts

L’association allemande de l’obésité a déclaré qu’Özdemir avait « réussi un grand coup ». L’obésité infantile est un problème de santé majeur et la publicité pour des produits malsains en est un facteur important. Selon la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, l’État doit aux enfants le « meilleur état de santé possible », mais pas à l’industrie publicitaire le meilleur revenu possible grâce à la publicité pour la malbouffe.

La porte-parole de l’Alliance allemande contre les maladies non transmissibles (DANK) et directrice de l’Association allemande du diabète, Barbara Bitzer, a qualifié les projets d’Özdemir de « jalon » pour la santé des enfants. Des études scientifiques ont montré que bon nombre des émissions les plus populaires auprès des enfants de moins de 14 ans n’étaient pas des dessins animés, mais des émissions familiales et des retransmissions de football. Ceux-ci sont également diffusés tard dans la soirée.

Opposition du FDP et de la coalition

Le secrétaire général du FDP, Bijan Djir-Sarai, a en revanche déclaré qu’il était toujours favorable à ce que la responsabilité individuelle joue un rôle important en politique. « De mon point de vue, les interdictions n’apportent rien à ce stade ». Le porte-parole du groupe parlementaire du FDP au Bundestag pour la politique agricole, Gero Hocker, a annoncé qu’Özdemir ne trouverait « pas de majorité » au sein de la coalition. Il semble poursuivre l’objectif de « faire de chaque enfant mineur un citoyen mineur ».

Le vice-président du groupe parlementaire de l’Union, Steffen Bilger, a critiqué dans le « Rheinische Post » : « Özdemir ouvre la voie au dirigisme, à la bureaucratie et à la mise sous tutelle de l’Etat ». La question de savoir comment le ministre entend cibler précisément les produits qu’il considère comme nocifs « reste tout aussi ouverte que celle de savoir à quoi il veut se référer pour déterminer quelle publicité s’adresse clairement aux enfants ». Quant à savoir si les interdictions de publicité sont utiles dans la lutte contre l’obésité, il n’est « absolument pas clair ».

Le projet doit être voté

Selon le ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture, le projet de loi doit être coordonné avec les autres départements du gouvernement fédéral au cours du premier trimestre 2023. Les Länder et les associations seront consultés et leurs avis évalués. Le projet révisé devrait en outre être soumis à la Commission européenne pour notification. Ensuite, le Bundestag devrait adopter le projet.

Selon les données du gouvernement fédéral, environ 15 pour cent des jeunes de 3 à 17 ans en Allemagne sont en surpoids, près de six pour cent sont obèses. Le surpoids développé pendant l’enfance persiste souvent toute la vie et augmente le risque de maladies cardiovasculaires et de diabète mellitus de type 2 plus tard dans la vie, ajoute le communiqué.